Trouver son bonheur: le secret de l’épanouissement
Trouve en toi l’endroit où est la joie: ce qui permet de s’épanouir
En tant que personne, nous devons apprendre à reconnaître l’ampleur de notre propre centre de gravité.
« Trouve en toi l’endroit où est la joie. Et la joie vaincra la douleur. » – Joseph Campbell
Le mythologue et écrivain Joseph Campbell (1904-1987) a passé sa vie à explorer les mythes de toutes les cultures qu’il pouvait rencontrer.
En 1985, il s’est entretenu avec l’interviewer Bill Moyers. Les sessions de cette conversation, qui ont fait l’objet de plus de 24 heures d’enregistrements vidéo, ont été montées dans une série de six entrevues d’une heure, et diffusées ensuite sur le réseau PBS en 1988 juste après la mort de Joseph Campbell; ce qui fit de la série l’une des plus populaires dans les annales de la télévision publique américaine.
Mais par la suite, Bill Moyers et l’équipe de PBS ont estimé que la partie intégrale et non diffusée de la conversation était si riche et intéressante qu’elle méritait aussi d’être vue par le grand public. Peu de temps après, la transcription intégrale fut diffusée sous le titre de « The Power of Myth (Puissance du mythe) – une retranscription partielle de leurs entretiens sur la spiritualité, les archétypes psychologiques, les mythes culturels et la mythologie de soi.
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Le livre est une mine de sagesse sur l’expérience humaine.
Il inclut des ouvrages rares provenant des journaux de Thoreau, des cahiers de Simone Weil, de la Lettre à un jeune poète de Rilke, et de l’atmosphère unique d’Annie Dillard sur son Pèlerinage à Tinker Creek.
« Suivez votre félicité et l’univers vous ouvrira des portes là où il n’y avait que des murs. »
Tel que mentionné dans l’introduction, Joseph Campbell considérait que le plus grand tort de l’homme revenait à: son inattention, son manque de vigilance et d’éveil. C’est peut-être pour ça que la partie la plus enrichissante de la conversation s’explique par la nature même de la philosophie de Campbell sur la vie: «Suivez votre bonheur.»
Joseph Campbell a prêté une oreille attentive au cri de l’âme et l’a identifié avec une grande élégance et précision – la racine même de notre insatisfaction existentielle. Il dit à Moyers: « Si vous suivez votre bonheur, vous vous mettez sur une sorte de piste qui a été là tout le temps, et vous vivrez alors la vie que vous devez vivre. Où que vous soyez, si vous suivez votre bonheur, vous aurez l’intime conviction que, la vie est à vos côtés, tout le temps. »
Campbell fait valoir que pour trouver son bonheur cela requiert un « espace sacré », qui est un espace de réflexion ininterrompue et de travail créatif en continu. Loin d’être une idée mystique, c’est quelque chose que de nombreux écrivains et artistes ont mis en pratique par le biais d’un rituel particulier. La science cognitive a d’ailleurs tenté de nous éclairer sur les bienfaits de s’adapter parfaitement à son rythme quotidien. Mais Campbell va au-delà des rituels pratiques, de la créativité, et des moteurs psychiques et spirituels – ce besoin profond de sa « base de bonheur » dans lequel s’enraciner:
« L’espace sacré » est une nécessité absolue pour toute personne.
Vous devez avoir une pièce, ou une heure ou deux par jour, où vous pouvez totalement vous déconnecter du monde extérieur. Il s’agit d’un endroit où vous pouvez simplement être avec vous-même, faire ressortir ce qui est en vous et vous façonner. C’est un lieu d’incubation créative. Au début, vous remarquerez qu’il ne s’y passe pas grand chose. Mais si vous avez un tel lieu et que vous continuez à l’entretenir, quelque chose finira par arriver.
Notre société actuelle a une orientation si économique que, à mesure que nous vieillissons, les demandes sont si grandes que nous devenons désorientés, ne sachant plus ce que nous voulons vraiment. Pensez-vous que les exigences de la société dépassent vos capacités d’y répondre? Avez-vous trouvé le bonheur? Vous devez absolument essayer de le trouver.
Deux siècles après que Kierkegaard a réprimandé la lâcheté de la foule, disant « « La foule réduit l’homme à n’être qu’un exemplaire d’une espèce, elle réduit le dialogue au bavardage, la communion à la promiscuité. », Campbell a fait valoir que nous nous égarons souvent sur la voie du bonheur car les notions limitantes du succès de la société nous poussent à nous engager dans des plans de sûreté et sans imagination.
C’est une caractéristique de la démocratie que le principe de la majorité soit reconnu comme efficace non seulement en politique, mais aussi en pensées. En pensant, bien sûr, que la majorité a toujours tort.
La fonction de la majorité à l’égard de l’esprit est d’être à l’écoute et de s’ouvrir à une personne qui a eu une expérience autre que celle de la nourriture, du logement, de la progéniture et de la richesse.
Joseph Campbell souligne que s’ouvrir à ces dimensions plus significatives du bonheur consiste au simple fait de laisser parler sa vie d’elle-même:
Nous avons tout le temps des expériences, et à certains égards, celles-ci peuvent apporter un sens à cela. Si vous avez une petite idée sur où pourrait se trouver votre bonheur, n’attendez plus. Personne d’autre ne peut vous éclairer là-dessus. C’est à vous de reconnaître votre propre profondeur.
Cela fait penser à la belle méditation de Mark Strand, entamant un important travail d’écriture et de témoignage à l’univers. Campbell le désigne d’ailleurs comme étant l’un des poètes les plus attentifs du langage du bonheur:
Les poètes sont ceux qui ont fait de leur contact avec le bonheur un métier et un style de vie. La plupart des gens sont préoccupés par d’autres choses, ou préfèrent s’impliquer dans des activités économiques et politiques, ou s’engager dans quelque chose qui ne les intéresse pas vraiment – ce qui peut s’avérer chose difficile d’avoir un appui dans ces circonstances.
En réalité, il s’agit d’une quête que chacun doit effectuer d’une manière ou d’une autre.
Mais, la plupart du temps, les gens vivent dans leurs « inquiétudes occasionnelles », en attente que leurs capacités soient raccordées.
En examinant rétrospectivement le processus pour trouver son bonheur, Campbell aborde la différence cruciale entre la foi religieuse et la spiritualité laïque:
Je suis venu à cette idée de ‘trouver son bonheur’ parce qu’en sanscrit, qui est le grand langage spirituel du monde, il existe trois termes qui exposent une vision très profonde de la vie et de la transcendance, la formulation de « Sat » « Chit » « Ananda ». Cette formule incarne cette beauté insaisissable par les sens et l’intellect, représentant l’essence même d’une réalité transcendante.
Cette formule sacrée décrit l’absolu comme étant l’existence (sat), de la conscience(chit) et de l’amour ineffable (ananda).
SAT CHIT ANANDA – pure conscience de félicité éternelle. Aussi, quand un être est proche de Dieu, « Sat-Chit-Ananda » sera en lui.
On l’appelle aussi « la transformation radicale d’un coeur qui se métamorphose »
Ce qui conduit à un changement de perception, et ainsi on ne se reconnait plus comme étant un ego (une conscience individuelle) qui se sent séparé des autres, et on prend conscience du « UN ». – Satchitananda
Les religieux nous disent que nous ne connaîtrons véritablement la joie que lorsque nous mourrons et irons au paradis. Mais je crois qu’il est essentiel de vivre cette ‘état’ autant que possible.
« Si vous suivez votre bonheur, vous vous mettez sur une sorte de piste qui a été là tout le temps, en attendant que vous, et vous vivrez alors la vie que vous devez vivre. Où que vous soyez, si vous suivez votre bonheur, vous aurez l’intime conviction que, la vie est à vos côtés, tout le temps. » …
Quand vous serez en mesure de faire cela, vous commencerez à rencontrer des gens qui sont dans le champ de votre bonheur, et ils vous ouvriront des portes.
N’ayez pas peur de trouver votre joie, car cela vous ouvrira des portes dont vous ignoriez même l’existence.
Selon Campbell, la partie la plus inconfortable mais essentielle pour trouver son bonheur est l’élément d’incertitude – « vivre les questions » plutôt que de rechercher des réponses toutes faites:
L’aventure est une récompense en soi – elle peut être dangereuse, mais elle est nécessaire, car elle offre des possibilités négatives et positives. Nous devons suivre notre propre chemin, pas celui de notre père ou de notre mère… La vie peut être très décevante juste parce que vous ne vivez pas votre propre aventure.
Il y a quelque chose à l’intérieur de vous qui sait où se trouve votre équilibre, qui sait quand vous faites fausse route. Et si vous quittez un chemin juste pour des raisons financières, vous gâcherez votre vie. Mais si vous restez sur votre chemin et que vous n’obtenez pas d’argent, vous aurez toujours votre joie.