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Le mot de la fin sur l’estime de soi

Image crédit: Shutterstock

Le mot de la fin sur l’estime de soi

Par L. Michael Hall, Ph. D.

L’estime de soi constitue un des éléments de la métaphore de l’Iceberg du bégaiement de Joseph Sheehan. De nombreuses PQB ont ou bien aucune estime de soi ou une bien piètre image d’elles-mêmes (estime et soi et image de soi étant synonymes). RP

Je n’avais jamais écrit d’article sur « le mot de la fin » de quoi que ce soit. Aucun. Zip. Nada. Mais j’ose maintenant le faire. Je sais que c’est audacieux, qu’il s’agit peut- être d’une audace irréfléchie; mais je vous laisse le soin d’en juger lorsque tout aura été dit. Et maintenant, qu’en est-il de cet étrange et illusoire état d’estime de soi, de ce prix tant convoité, de ce sujet si mal compris? Je crois pouvoir écrire le dernier mot à ce sujet. En tout cas, je l’espère. Il ne s’agit pas d’une attente, juste un souhait. Alors, si le voyage vous tente, allons-y.

DÉMYSTIFIER LA CONFUSION ENTOURANT L’ESTIME DE SOI

Nous devons commencer par démystifier le terme lui-même. Les mystères l’entourant sont importants. Pour commencer, la plupart des gens confondent estime de soi et confiance en soi. Et s’ils ne font pas cette erreur, ils en font une autre. Ils confondent estime de soi et le fait de se sentir bien dans sa peau ou d’avoir un sentiment de dignité envers les désidératas et l’approbation des autres. Mais aucune de ces descriptions ne réfère à l’estime de soi.

La clé, bien sûr, réside dans le verbe estimer. Estimer quelque chose, c’est l’évaluer. C’est la valeur que nous attribuons à quelque chose ou à quelqu’un. C’est ce que font les évaluateurs immobiliers, les bijoutiers et les antiquaires. Donc, lorsqu’on parle d’estime de soi, on réfère à notre valeur personnelle. Bon, commençons ici. Combien valez-vous ? Quelle peut bien être la valeur d’un être humain ? Et cette valeur humaine qui est vôtre fluctue-t-elle à la hausse et à la baisse comme le fait l’indice Dow Jones ? Devez-vous, à la fin d’une journée, vérifier le marché de soi pour savoir quelle fut votre performance boursière et si votre valeur s’est accrue ou a diminué au cours de la séance ?

Afin de répondre à la question « Quelle est la valeur d’un être humain ? », vous avez besoin d’une unité de mesure, d’un standard quelconque et de quelques critères. Quels sont vos standards ? Comment évaluer la valeur d’un être humain ? Voyons voir… Culturellement, nous pouvons utiliser une vaste gamme de critères. On peut utiliser l’apparence, l’intelligence, vos accomplissements, vos forces, vos avoirs, vos vêtements griffés, votre garde-robe dernier cri, votre bibliothèque personnelle, votre rapidité, votre loquacité, votre gentillesse, votre popularité, votre réputation et ainsi de suite.

Qu’en pensez-vous ? Désirez-vous utiliser n’importe lequel de ces critères pour juger et évaluer votre valeur, celle des autres ou celle des êtres humains en général ? Si vous choisissez cette avenue, alors la valeur d’un être humain sera conditionnelle. Et c’est justement ce que font la plupart des gens. Ils s’évaluent – et évaluent les autres – selon leurs réalisations, l’argent qu’ils gagnent/possèdent, leur âge, leur apparence, leurs forces, etc. Et bien sûr, toute condition que vous utilisez pour effectuer votre évaluation vous place sur un tapis roulant – un tapis roulant de conditionnalité ; de sorte que les gens n’ont pas de valeur intrinsèque ; ils doivent d’abord satisfaire à certaines conditions.

Mais il y a une autre avenue. Plutôt que de déterminer ces valeurs selon des conditions temporelles, des conditions qui vont et viennent, qui fluctuent, qui ne durent pas et qui peuvent nous être enlevées, nous pourrions évaluer la valeur humaine comme inconditionnelle. On pourrait déclarer, dès le départ, que les individus ont déjà une valeur ; une valeur et une dignité, et partir de cette évaluation.

Pourquoi pas ? Pourquoi ne pas débuter avec une valeur inconditionnelle afin que votre personne, en tant qu’être humain, n’ait pas un index de valeur flottant, mais une valeur donnée, une valeur intégrée, et donc garantie ?

Je parle maintenant de vous en tant que personne, en tant qu’être humain. Et cela se distingue du vous exécutant (performer – a doer), agissant, accomplissant, de ce vous en termes de tous ces facteurs et ces facettes de votre vie : apparence, énergie, santé, carrière, argent, âge, etc. Toutes ces choses sont conditionnelles et vous pouvez évaluer comment vous vous débrouillez dans tous ces domaines en utilisant les standards que vous voulez. Lorsque vous faites cela, vous êtes en présence d’une autre facette de vous. Car vous avez, en ces domaines, un degré de confiance personnelle. Vous avez une confiance qui vous est propre pour gagner de l’argent, vous faire des amis, résoudre des problèmes, vous entendre avec vos voisins, impressionner les autres par vos connaissances, vos livres, votre sexualité et un millier d’autres choses. On parle alors de confiance en soi, pas d’estime de soi.

Voilà pour la première démystification. L’estime de soi c’est vous en tant que personne alors que la confiance en soi, c’est ce que vous pouvez ou non faire. La confiance en soi, c’est vous en tant qu’humain accomplissant (human doing) et non en tant qu’Être humain (human being). C’est conditionnel. Alors que l’estime de soi se conjugue bien mieux à l’inconditionnel.

DEUXIÈME DÉMYSTIFICATION

Vous êtes la seule personne à pouvoir vous estimer. Et c’est justement pourquoi nous parlons d’estime de soi. Il ne s’agit pas de l’estime des autres ; de ce qui serait le respect, la valeur, l’appréciation et l’approbation que les autres vous portent/attribuent. Et bien que nous aimions tous cela, nous avons vu et entendu parler de ces célébrités du septième art, de ces millionnaires et autres superlatifs qui, soi-disant, « ont tout » — la célébrité, la prospérité et la reconnaissance que toute personne désire (estime des autres) ; mais tout cela n’ayant rien à voir avec le Soi, pas plus que ça ne se traduisait en estime de soi, plusieurs d’entre eux/elles finirent par se suicider.

Donc, vous seul êtes en mesure de vous estimer. Étant donné qu’il s’agit d’une évaluation qui s’effectue en vous, libre à vous de vous estimer et de vous accorder une haute estime, au moment de votre choix. Inutile d’attendre quelque chose. Il n’y a, en vérité, rien à attendre. Il s’agit d’une déclaration, d’une décision.

Si vous souhaitez une saine sensation de Soi, c’est ici qu’il faut commencer. Vous faites la différence entre, d’une part, votre décision et votre déclaration à l’effet que vous ayez une valeur, que vous soyez quelqu’un, que vous êtes né en tant qu’être humain et, d’autre part, attendre qu’une valeur et que la dignité vous rattrapent. Oh, elles finiront bien par vous rattraper ; mais elles y mettront un certain temps. Entre-temps, réjouissez- vous d’avoir une valeur intrinsèque. Refusez, refusez farouchement de vous mettre en ligne en retournant à une conception de soi conditionnelle.1

D’ici là, commencez dès maintenant à actualiser vos concepts du Soi dans votre cartographie mentale.2 Cartographiez que vous êtes déjà quelqu’un sans avoir à prouver quoi que ce soit. Incorporez cette croyance mentale selon laquelle, dorénavant, toute votre vie sera vécue en exprimant – ou pour exprimer – votre Identité.

Une telle attitude libère votre estime de soi de la file d’attente de telle sorte qu’on ne pourra vous l’enlever ni la remettre en question. Elle sera dorénavant irréversible. C’est simple. Mais si vous n’adoptez pas cette attitude, vous serez alors tenté de personnaliser les choses, d’avoir l’impression de n’être personne et d’avoir la sensation de devoir vous prouver avant d’avoir le droit de vivre et même d’exister. Cessez immédiatement ce non- sens. C’est malsain et cela vous rendra fou. Cela ne pourra que vous rendre réactif, sur la défensive et à fleur de peau.

Tous les jours, exercez-vous à rafraichir votre carte mentale à l’effet que vous êtes quelqu’un d’inestimable et que, en tant que Soi vivant et sacré, vous avez, par nature, une valeur, vous en valez la peine et possédez une dignité en tant que membre de la race humaine.

Dites-vous :

« Je suis déjà quelqu’un. »
« Je n’ai rien à prouver et tout à vivre. »

Répétez ces mots jusqu’à ce que vous y croyiez tout en les transmettant à votre système nerveux (vous référer à « The Magical Nature of Beliefs » sur www.neurosemantics.com).

1. Pour la personne qui bégaie, cela peut vouloir dire : « Je ne me catégorise pas comme bègue, mais comme un être humain à part entière qui, parfois, bégaie. J’ai une valeur intrinsèque. Je n’ai pas à être fluent pour cela. » RP
2. Voir le glossaire pour une définition de ce terme.

En faisant cela, vous serez libre d’être et de devenir, d’explorer et de jouir de ce que la vie a à vous offrir. Paradoxalement, cela vous transportera au-delà de vous-même et vous transcenderez votre ego. Puis vous réaliserez que la vie est plus grande que vous et que vous avez un rôle à jouer dans cette expérience que nous appelons vie.

Une fois cette estime de soi bien ancrée, vous serez alors à même d’explorer votre potentiel ; vous pourriez bien devenir plus réceptif à l’amour, à l’apprentissage et au développement de votre personnalité. Vous serez plus attentif aux autres, aimant dans vos relations ; vous cesserez d’être sur la défensive face à vos erreurs et à votre vulnérabilité et plus créatif dans vos habilités et vos passions. Lorsque l’ego n’est plus un enjeu, vous n’avez plus rien à prouver.

ET MAINTENANT, LA CONFIANCE EN SOI

La confiance en soi diffère de l’estime de soi en ce qu’il ne s’agit pas de vous en tant que personne, mais de ce que vous pouvez faire – vos compétences et vos réalisations. Contrairement à l’estime de soi qui est inconditionnelle et acquise, la confiance en soi est tout ce qu’il y a de conditionnelle. Vous devez développer vos compétences avant de clamer être sûr de pouvoir mener quelque chose à terme.

C’est en utilisant vos dons et en devenant compétent dans ce que vous pouvez faire et accomplir que vous gagnerez en confiance. S’il vous prenait l’envie de vous déclarer confiant à faire ce pour quoi vous n’êtes ni qualifié ni compétent, c’est vous que vous duperez. Bien que cela puisse s’avérer une agréable sensation, une telle confiance serait sans fondement. Une supercherie ! La véritable confiance en soi repose sur votre foi en (« con » et « fideo » foi) vous-même, sur la foi en votre capacité à faire bouger les choses et a les accomplir, à les mener à terme.

Bien sûr, nous avons tous nos forces et nos faiblesses. Nous avons des aptitudes et des prédispositions grâce auxquelles nous pouvons plus facilement exceller et d’autres pour lesquelles nous ne le pouvons pas. Parier sur nos forces permet d’identifier ces domaines et ces tâches pour lesquelles nous avons des dispositions naturelles, y devenir très habiles et y apporter une très grande contribution. C’est une des clés secrètes du succès dans la vie.

QU’EN EST-IL DE LA FORCE DE L’EGO?

Le mot ego réfère simplement au soi. C’est tout. Il signifie et est traduit du grec comme « Je » ou « Moi ». En lui-même, le mot ego est neutre et ne comporte pas de connotation positive ou négative. La puissance de l’ego se compose de cette force et de cette énergie que vous possédez en vous – en votre esprit, vos émotions, votre corps, vos relations, vos compétences, etc., force et énergie grâce auxquelles vous affrontez la réalité telle qu’elle est et composez avec elle de manière efficace. Sans un ego fort, vous vous refermez sur vous-même, vous abandonnez, baissez les bras ou adoptez une réaction défensive du genre « bats-toi-ou-fuis.»

Le développement de la force de notre ego fait partie du processus de croissance et de développement personnels. Nous désignons cela un sain développement de l’ego. Car nous sommes nés sans ego. Puis, tout en grandissant, notre sens de soi se développe, et nous commençons à développer une certaine force en notre capacité à affronter la réalité. Au début (à l’enfance), notre ego est très fragile, dépourvu de force. Cela prend du temps à se développer. Un ego fragile nous amène à devenir facilement ego-susceptible aux choses. La pensée infantile de notre enfance nous a rendus très égocentriques. Il ne s’agit pas d’un jugement moral, mais de constater la petitesse de notre monde, un monde qui tourne entièrement autour de nous.

VOILÀ, VOUS SAVEZ MAINTENANT CE QU’EST L’ESTIME DE SOI!

Voilà le dernier mot sur l’estime de soi. Certes, il vous faudra distinguer entre être humain (human being) et l’humain exécutant (human doing) en vous, et selon vos vielles habitudes d’esprit et d’émotivité, vous pourriez devoir faire quotidiennement cette distinction pendant un mois ou plus. Et si vous le faites, corrigeant vos dialogues internes sur votre « valeur » et que vous commencez à vous sacraliser comme être humain intrinsèquement et inconditionnellement valable, n’ayant rien à prouver mais tout à expérimenter – vous incorporerez et corporifierez4 votre sentiment de dignité de telle sorte que vous sentirez sa présence dans chaque cellule et chaque neuro-circuit de votre être, dignité qui sera votre principal guide sur la façon de vous mouvoir dans ce monde.

Faites-le et vous sortirez gagnant de cette compétition très personnelle que constitue l’estime de soi, puis de la compétition externe de vivre avec dignité et une valeur ; votre valeur personnelle deviendra ainsi bien ancrée. La compétition, le challenge externe qui consiste à se sentir un être humain par nature, ayant une valeur, se gagne de l’intérieur. Voilà votre plus belle compétition interne !

L. Michael Hall, Ph. D. est psychologue cognitivo-comportementaliste devenu un modélisateur de l’excellence humaine, de l’expertise et de l’accomplissement de soi par l’usage des modèles de la PNL et de la neuro-sémantique. Il a créé la discipline neuro- sémantique par le développement du modèle des métaétats et est directeur général de la Société internationale de neuro-sémantique. Voir Winning the Inner Game et Unleashed : A Guide to Your Ultimate Self-Actualization pour plus d’information sur l’estime de soi.

Traduction de The Final Word about Self-Esteem par L. Michael Hall, Ph. D., publié dans equilibrio life de janvier 2008.

Traduction de Richard Parent

4 Corporification : Concrétisation dans un corps. Résultat lorsqu’on imprègne une idée, un concept ou un principe dans nos muscles. Utilisé dans le modèle De l’Esprit-au-Muscle. Cela signifie simplement qu’une action apprise peut devenir à ce point coutumière qu’elle s’incruste dans nos muscles, ces derniers reproduisant cette action sans que nous ayons à intervenir. C’est la « mémoire musculaire. » Nous oublierons les détails de la méthode, les muscles prenant dorénavant la relève. C’est ainsi que le principe devient muscle.

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Publié par Claire Cordon

À propos de l’auteure: J’ai toujours été passionnée par tout ce qui avait trait à la spiritualité et son influence sur nous tant sur le plan psychologique que spirituel. Depuis que j’ai intégré l’équipe d’ESM en 2013, je mets au service toutes mes connaissances pour aider au mieux les gens qui en ont besoin et qui cherchent des réponses à leurs nombreuses questions. J’espère pouvoir y contribuer un peu chaque jour.

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