Claire Cordon
Il peut sembler paradoxal de faire confiance à des personnes que vous connaissez à peine et de finir par leur révéler des choses sur votre vie privée et même vos secrets les plus intimes. Cependant, ce qui se trame en réalité, ce sont les subtilités de l’esprit qui peuvent vous prendre en otage, et il est important d’en prendre conscience.
Quand cette dynamique d’asservissement intervient, une relation authentique en pâtit, et ce qui existe entre des individus, un groupe ou une communauté devient une charge.
Là où s’impose une contrainte, la gratuité s’efface, et c’est alors que la souffrance prend racine. Mais vous demeurez le garant de vos actes, ce qui signifie que vous ne pouvez vous soustraire à vos responsabilités. Chaque action engendre des conséquences, et c’est pourquoi cela ne vous affranchit pas du fardeau. Ainsi, l’aspect d’obligation que je souhaite aborder ici revêt une dimension légèrement différente.
Je n’affirme pas que toutes les relations sont teintées de négativité, car ce n’est jamais le cas.
Il existe des relations qui, même si elles ne sont pas exemptes d’imperfections – car je ne crois pas en la perfection dans les interactions humaines – sont caractérisées par une compréhension mutuelle des limites de chacun et maintiennent le respect. Dans de telles relations, il n’y a jamais de notion d’obligation, car aucun des deux ne fera quelque chose de différent ou de moindre que ce qu’il souhaite réellement faire. Ainsi, il n’y a aucune raison de ne pas ressentir de bien-être au sein de vos cercles proches.
La responsabilité de cette situation ne revient pas à l’autre personne, mais à vous-même, où vous avez transformé la relation en une contrainte, la détournant de son caractère naturel. Nous nous conditionnons à agir envers les autres de manière imposée, sans même interroger l’autre pour savoir s’il souhaite véritablement ce que nous sommes disposés à offrir.
Une relation authentique ne peut véritablement s’épanouir que lorsque les émotions ne sont pas entravées, que ce soit entre époux, parents et enfants, croyances, amis, ou même au sein de la société en général. Il arrive souvent que l’on partage des confidences avec des étrangers que l’on n’oserait jamais divulguer à un membre de sa propre famille.
Envers des inconnus, il n’y a aucune contrainte, aucun sentiment d’obligation, et souvent on se sent plus à l’aise pour s’adresser à son chien, aussi surprenant que cela puisse paraître. Entre soi et l’animal, il n’existe ni ego ni compétition, encore moins de devoir. Il n’y a que la présence d’un auditeur bienveillant.
Lorsque nous rencontrons des inconnus ou des personnes peu familières mais qui inspirent confiance, nous ressentons une forme de liberté pour évoquer des sujets divers avec elles.
Cette interaction n’est pas encombrée de chaînes, d’obligations, ce qui nous permet de nous exprimer plus librement. Une véritable relation nous libère, elle nous apporte du plaisir dans notre interaction avec les autres. Elle est dépourvue de demandes excessives, de pressions ou d’étouffement. Rien n’est imposé, nous agissons naturellement, nous nous exprimons sans retenue, laissant tout couler naturellement. Ainsi, nous n’avons qu’à être authentiques, en étant fidèles à nous-mêmes.
Notre esprit a le pouvoir de nous affranchir ou de nous emprisonner, en fonction de notre relation avec nous-mêmes. La clé réside dans la connaissance de soi, dans la prise de conscience de notre véritable identité.
Ainsi, il est souvent plus aisé de discuter de notre vie avec un inconnu qu’avec un proche en raison de l’absence de liens émotionnels complexes et de toute attente préétablie. Lorsque nous parlons à un étranger, il n’y a pas de jugement, de passé commun ni de crainte de décevoir.
Cette distance émotionnelle crée un espace sûr où l’on peut s’exprimer librement sans craindre les conséquences de nos révélations.
