Pourquoi la génération Y est-elle malheureuse ?
Tout d’abord : Qu’est-ce que c’est?
La génération Y regroupe des personnes nées approximativement entre le début desannées 1980 et le début des années 2000. L’origine de ce nom a plusieurs attributions : pour les uns il vient du « Y » que trace le fil de leur baladeur sur leur torse ; pour d’autres ce nom vient de la génération précédente, nommée génération X ; enfin, il pourrait venir de la phonétique anglaise de l’expression « Y » (prononcer waɪ), signifiant « pourquoi » N 1,1.
D’autres termes équivalents existent, dont enfants du millénaire ou les diminutifsGenY et Yers. Les Américains utilisent également l’expression digital natives ou net generation pour pointer le fait que ces enfants ont grandi dans un monde où l’ordinateur personnel, le jeu vidéo et Internet sont devenus de plus en plus importants. source Wikipédia
Il nous a semblé intéressant et utile de porter cet article à la connaissance du public, ce qui n’avait, jusqu’à présent, été fait que de façon très partielle. Bien entendu, alors que l’on parle de malaise de la jeunesse, ce texte qui s’attache spécialement à des jeunes urbains branchés et appartenant aux classes supérieures (voire fraction supérieure de la classe moyenne), ne saurait être représentatif de l’ensemble de la jeunesse. Néanmoins… l’extrapolation relative n’est pas interdite et d’autres part, nous parlerons également des classes sociales plus défavorisées. D’autant plus que la vaste enquête conduite en 2013 par France 2 est actuellement publiée
Bonjour Lucy !
Lucy fait partie de la génération Y, la génération de ceux qui sont nés entre la fin des années 70 et le milieu des années 90. Elle est aussi partie prenante de la culture yuppie, qui constitue une grande partie de cette génération.
J’ai un terme pour les yuppies de ce groupe d’âge de la génération Y : GYPSY, c’est à direGen Y Protagonists & Special Yuppies. Un Gypsy est un type unique de yuppie, celui qui pense qu’il est le personnage principal d’une histoire très particulière.
Alors Lucy est contente de sa vie de Gypsy, tout comme elle est contente d’être Lucy. Sauf qu’il y a un problème : Lucy n’est pas heureuse.
Pour en comprendre la raison, il faut d’abord expliquer ce qui rend quelqu’un heureux ou malheureux. Et cela se résume en une formule simple:
BONHEUR = RÉALITÉ – ATTENTES
C’est assez simple : quand la réalité de la vie de quelqu’un est mieux que ce qu’il avait espéré, il est heureux. Et lorsque la réalité de la vie est moins bien que ce qu’il avait espéré, alors il est malheureux.
Pour donner un contexte à cette idée, nous allons commencer par mettre les parents de Lucy dans la discussion.
Les parents de Lucy sont nés au cours des années 50. Ce sont des « Baby boomers ». Ils ont été élevés par les grands-parents de Lucy, qui faisaient partie de la « Grande Génération », celle qui a vécu la Grande Dépression, parfois combattu au cours de la Seconde Guerre Mondiale et n’était assurément pas Gypsy.
Les grands-parents de Lucy étaient obsédés par la sécurité économique et ils ont élevé ses parents de façon à ce qu’ils parviennent à des carrières sures. Ils voulaient qu’ils aient un métier où l’herbe était plus verte que dans le leur. Et les parents de Lucy ont choisi des métiers qui leur assuraient la stabilité et la prospérité. Un peu comme ceci :
Ils ont appris qu’il n’y avait rien ni personne qui pouvait les empêcher d’atteindre ce verdoyant gazon, mais que pour cela il fallait des années de dur labeur.
Après avoir terminé leurs études, après avoir été des hippies insupportables, les parents de Lucy se sont attelés à leur carrière. Les années 70, puis les années 80, puis les années 90 ont roulé tranquillement et le monde est entré dans une période de prospérité économique sans précédent. Les parents de Lucy ont fait encore mieux que ce à quoi ils s’étaient attendus. Cela les a rendus optimistes et heureux.
Avec cette expérience de vie plus tranquille et plus douce que celle de leurs parents, les parents de Lucy l’ont élevée avec un sentiment d’optimisme et de possibilités illimités. Et ils n’étaient pas les seuls. Dans le monde entier, les « baby-boomers » ont dit à leurs enfants qu’ils pourraient être ce qu’ils voudraient être et ont instillé au fond de leur esprit l’idée qu’ils étaient des personnages particuliers. Cela a donné aux Gypsy énormément d’espoir quant à leur carrière, au point qu’une pelouse verte n’était même plus leur objectif. La pelouse d’un Gypsy devait avoir également des fleurs.
Cela nous amène à notre premier et important caractère des Gypsy.
Les Gypsy sont extrêmement ambitieux
Le Gypsy a besoin de beaucoup plus que d’une carrière, d’une belle pelouse verte, de la sécurité et de la prospérité. Le fait est qu’une belle pelouse verte n’a rien d’exceptionnel pour un Gypsy . Là où ses parents voulaient vivre le rêve américain, le Gypsy veut vivre son propre rêve personnel.
Cal Newport met en évidence que l’expression « vivez votre passion » n’apparaît qu’au cours des vingt dernières années dans le visionneur Ngram de Google, un outil qui montre comment une expression s’affiche dans la presse anglophone sur une période de temps. Ngram montre également que l’expression « une carrière sûre » est passée de mode, tandis que « une carrière valorisante » est devenue très populaire.
Pour être clair, les Gypsy désirent la prospérité économique, tout comme leurs parents. Mais en plus, ils veulent s’accomplir dans leur carrière d’une façon à laquelle leurs parents n’ont jamais pensé.
Mais il se passe encore autre chose. Alors que les objectifs de carrière de la génération Y sont devenus plus ambitieux, Lucy, au travers de son éducation, a reçu un autre message.
C’est sans doute le bon moment pour préciser le deuxième caractère d’un Gypsy. Les Gypsy vivent d’illusions.
« Bien entendu, se dit Lucy, comme tout le monde, je vais avoir une carrière enrichissante, mais moi je suis exceptionnelle et ma propre carrière et le tracé de ma vie vont se démarquer de ceux de tous les autres ». Donc, en plus d’être une génération ayant l’ambition commune d’obtenir une pelouse fleurie, chaque Gypsy pris individuellement pense qu’il est destiné à quelque chose d’encore mieux.
(Une brillante licorne au sommet de la prairie fleurie)
Mais pourquoi est-ce illusoire ? Tout simplement parce que c’est ce que pensent tous les Gypsy et que ce fait même défie le sens du mot spécial :
Spécial (adj.) : singulier, particulier, propre à une personne ou à une chose.
Selon cette définition, la plupart des gens n’ont rien de spécial, sinon le mot « spécial » n’aurait aucun sens.
Même en ce moment, les Gypsy qui lisent ce texte se disent : « Bien vu … mais moi, je suis l’un des rares à être vraiment spécial », et c’est là qu’est tout le problème.
Une seconde illusion entre en jeu dès que le Gypsy se retrouve sur le marché du travail. Là où les espoirs de ses parents se caractérisaient par de nombreuses années de dur labeur qui pouvaient conduire éventuellement à une belle carrière, Lucy considère qu’une belle carrière est une évidence pour quelqu’un d’aussi exceptionnel qu’elle et qu’il ne s’agit que d’une question de temps et de choix judicieux. Ses espoirs précédant la période de travail ressemblent un peu à ça :
Seulement, les choses ne sont pas aussi faciles que cela. Et les grandes carrières nécessitent des années de sang, de sueur et de larmes pour être construites – y compris pour ceux qui n’ont ni fleurs ni licorne avec eux – et même les plus chanceux font rarement quelque chose d’exceptionnel entre 20 et 25 ans.
Mais les Gypsy ne sont pas disposés à accepter cela.
Paul HARVEY, Professeur à l’Université du New Hampshire et expert en Gypsy, a fait desrecherches sur cette question et a constaté que la génération Y a « des espérances peu réalistes, une forte résistance à accepter un retour d’information négatif et une vue un peu suffisante d’elle-même ». Il dit que« l’une des sources de frustration des personnes qui ont une haute idée d’elles-mêmes se trouve dans les espoirs insatisfaits. Elles estiment souvent avoir droit à un niveau de respect de récompense qui n’est pas en rapport avec leurs capacités et leurs efforts réels. En conséquence, elles risquent fort de ne pas avoir ce qu’elles attendent ».
A l’attention de ceux qui doivent embaucher des membres de la génération Y, Paul Harvey recommande de poser la question suivante lors de l’entretien :« Vous sentez-vous généralement supérieur à vos collègues ou camarades de classe ? Et si oui, pourquoi ? ». « Si le candidat répond oui à la première question, mais se trouve en difficulté pour répondre à la seconde, il peut s’agir d’un problème d’auto-référence (de référence à soi-même). Parce que la perception des droits et des privilèges auxquels on prétend est souvent fondée sur un sens infondé de supériorité et de mérite. Ils ont été amenés à croire, peut-être par excès de zèle dans le renforcement de l’estime de soi au cours de leur jeunesse, qu’ils sont en quelque sorte spéciaux, mais ils manquent souvent de véritable justification en cette croyance ».
Et puisque le monde a l’aplomb de considérer le mérite comme un facteur important, alors Lucy se retrouve, peu de temps après sa sortie de l’université, ici :
L’extrême ambition de Lucy, couplée avec la haute estime de soi qui est la sienne (et qui vient d’être un peu rabaissée) lui ont procuré d’énormes espérances, dès la sortie de l’université. Malheureusement, la réalité ne ressemble en rien à ses espérances. Le score heureux « réalité – attentes » qu’elle attendait est devenu négatif.
Et c’est pire encore. Par-dessus tout cela, les Gypsy ont un problème qui concerne toute leur génération.
Les Gypsy se sentent moqués et ridiculisés.
Bien sûr, certains collègues de lycée ou d’université des parents de Lucy ont eu davantage de succès que ce que ses propres parents. Et s’ils avaient entendu parler de temps en temps de ces réussites, pour la plupart ils ne savaient pas exactement en quoi elles consistaient. Pour sa part, Lucy se retrouve constamment humiliée par un phénomène contemporain :la vie des autres étalée sur Facebook .
Les médias sociaux créent pour Lucy un monde où :
a) Tout ce que font les autres se fait au grand jour,
b) La plupart des gens présentent une version favorable de leur propre existence,
c) Les gens qui parlent de leur situation sont en général ceux pour lesquels tout se passe bien. Les autres ont tendance à ne pas en parler.
Tout cela laisse à Lucy un sentiment, erroné, que tout va bien chez les autres et ne fait que s’ajouter à ses souffrances.
Voilà pourquoi Lucy est malheureuse, ou, au moins, se sent frustrée et mal à l’aise. Elle a probablement bien débuté sa carrière, mais elle est déçue.
Voici quelques conseils pour Lucy :
1) Restez follement ambitieuse. Le monde actuel est en ébullition, avec la possibilité pour une personne ambitieuse d’accomplir de grandes choses.
2) Arrêtez de penser que vous êtes spéciale. En ce moment, vous n’êtes pas spéciale. Vous n’êtes qu’une jeune personne, encore totalement inexpérimentée et qui ne dispose pas de tout ce qu’elle pourrait offrir. Vous ne pouvez devenir spéciale qu’en travaillant pendant de longues années.
3) Ignorez tout le monde. Que l’herbe des autres semble plus verte n’est pas un nouveau concept, mais dans la représentation du monde d’aujourd’hui, l’herbe des autres est assimilée à une glorieuse prairie. La vérité est que tous les autres sont aussi indécis, doutent autant d’eux-mêmes et sont aussi frustrés que vous l’êtes. Si vous faites simplement ce que vous avez à faire, vous n’aurez aucune raison d’envier les autres.
Cet article est extrait du blog « Wait but why »
Traduction: THERMOPYLES
Le texte original est ici: https://waitbutwhy.com/2013/09/why-generation-y-yuppies-are-unhappy.html
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Après Pourquoi la génération Y est-elle malheureuse ? Je n’ai produit aucun déchet en 2 ans. Voici à quoi ressemble ma vie.
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J’ai une réponse toute simple et claire, parceque les filles deviennent toutes des SALOPES ! Voila ! Sur ce bonne journée
@anonyme, non toutes les femmes ne sont pas des salopes, il y a encore dans ce monde un certain nombre de femmes bien. Vous n’avez tout simplement pas eu la chance d’en connaitre. Cordialement.
Je me sens spécial en effet, tellement spécial que je pensais être le seul à penser ça ! Mon ego en prend un coup…
Merci d’avoir terminé l’article sur une note positive 😉
Un grand merci au traducteur de nous faire ainsi profiter, dans notre langue maternelle, d’un constat écrit avec justesse, poésie et humour – une réalité teintée d’amertume mais révélée sur des airs de comptine . Cette jolie analyse mériterait d’être introduite au sein de temps de réflexion quotidiens que devraient s’accorder ensemble élèves, professeurs et directeur avant la première heure de cours à l’instar d’une école privée anglo-saxonne que j’avais eu le plaisir de visiter.
Bonjour,
Je considère que vous vous trompez sur toute la ligne. Étant né dans les années 80 je suis bien à même d’y porter ma propre analyse.
Les raisons qui rendent les gens malheureux sont:
1 – la solitude du migrant. Là où mes parents pouvaient faire toute une carrière là où ils avaient grandis, ou du moins au même endroit, nous nous devons migrer en permanence pour les études les CDD et autres, empêchant d’avoir des attaches émotionnelles, ou mieux des gens qui nous aiment.
2 – le syndrome Disney. Nous avons été éduqués par trop de bons sentiments, trop exacerbés, en trop grande quantité. Nous pouvons qu’être frustrés étant adultes de ne pas avoir la vie d’une série américaine, cela décuplé par le point numéro 1.
Voilà tout. Pour moi votre article fait plutôt référence aux enfants rois nés après 95, persuadés que le monde les attends, qu’ils n’auront rien à faire car le numérique leur a appris que tout est instantané, sans difficulté.
Bonne journée.