Le matin après que je me sois tuée
Le matin après que je me suis tuée, je me suis réveillée.
Je me suis fait le petit déjeuner au lit. J’ai ajouté du sel et du poivre à mes œufs et utilisé mes toasts pour un sandwich au fromage. J’ai pressé un jus de pamplemousse dans un verre.
J’ai gratté les déchets de la poêle et nettoyé le beurre qu’il y avait sur le plan de travail. J’ai lavé la vaisselle et plié les serviettes.
Le matin après que je me suis tuée, je suis tombée amoureuse.
Pas avec le garçon dans la rue ou le directeur de l’école. Pas avec le jogger de tous les jours ou l’épicier qui a toujours glissé des avocats dans mon sac.
Je suis tombée amoureuse de ma mère et de la manière dont elle était assise sur le sol de ma chambre, tenant dans la paume de la main toutes les pierres de ma collection jusqu’à ce qu’elles deviennent noires de sueur. Je suis tombée amoureuse de mon père au bord de la rivière lorsqu’il plaça mon billet dans une bouteille et l’envoya dans le courant. Avec mon frère qui croyait autrefois aux licornes mais qui était maintenant assis à son bureau à l’école, essayant désespérément de croire que j’existais encore.
Le matin après que je me suis tuée, j’ai promené le chien.
Je regardais la façon dont sa queue se contractait lorsqu’un oiseau volait ou comment son pas accélérait à la vue d’un chat. J’ai vu l’espace vide dans ses yeux quand il a atteint un bâton et s’est retourné pour me saluer afin que nous puissions jouer au catch mais je n’ai vu que le ciel à ma place.
Le lendemain matin, je me suis suicidée, je suis retournée dans la cour du voisin où j’ai laissé mes empreintes dans le béton alors que j’avais deux ans et j’ai examiné comment elles s’effaçaient déjà. J’ai cueilli quelques fleurs de lys et quelques mauvaises herbes et j’ai regardé la vieille femme à travers sa fenêtre alors qu’elle lisait le journal avec les nouvelles de ma mort. J’ai vu son mari cracher du tabac dans l’évier de la cuisine et lui apporter ses médicaments quotidiens.
Le matin après que je me suis tuée, j’ai regardé le soleil se lever. Chaque oranger s’ouvrait comme une main et le gamin de la rue indiquait un nuage rouge à sa mère.
Le matin après que je me suis tuée, je suis retournée à ce corps à la morgue et j’ai essayé de lui parler. Je lui ai parlé des avocats et des tremplins, de la rivière et de ses parents. Je lui ai parlé des couchers de soleil, du chien et de la plage.
Le matin après que je me suis suicidée, j’ai essayé de revenir à la vie, mais je n’ai pas pu terminer ce que j’avais commencé.
Source : Meggie Royer https://imgur.com/gallery/4swX4N1
Merci pour cet article touchant qui m’a rendu plutôt triste et m’a fait penser aux destins tragiques.
surprenant et intriguant d abord ds le titre mais Bravo j adore.
encore un discour moralisateur sur le suicide.Cela me donne envie d’en finir