Jean-Charles Réno
Que les choses soient claires : bien qu’il y ait des centaines de douleurs physiques insupportables, peu surmontent les douleurs de l’âme.
Les plus grandes douleurs de votre vie ne seront probablement pas palpables et seront souvent liées aux personnes que vous aimez le plus.
Elles viendront dans la mort d’un être cher, dans l’adieu d’un ami qui part et qui ne reviendra jamais, dans la perte d’un grand amour, dans la trahison d’une personne chère…
Ça fera mal, très mal. Pendant longtemps.
Mais personne ne le verra, vous seul le sentirez. Chaque pincement douloureux, chaque émotion insoutenable. Tout sera ressenti de la manière la plus intense possible et, parfois, vous vous demanderez s’il est possible de mourir d’amour, de désir ou d’autres choses que nous ne pouvons que ressentir.
Laissez-moi vous répondre : oui je pense que c’est possible.
Les gens disent que non, que la seule chose qui tue est une maladie cardiaque, dégénérative ou autre. Mais il y a des gens qui, comme moi, croient que la douleur dans l’âme tue. À vrai dire, cela se produit si lentement que parfois nous ne le remarquons même pas, mais c’est exactement là que réside le danger. Cette douleur qui est vive au début devient sournoise. Petit à petit, elle prend le dessus sur nous, nous isole des moments de bonheur, nous empêche de nous sentir bien et heureux.
Sans vous en rendre compte, votre douleur s’empare de tout votre être. Alors oui, vous serez officiellement « mort ». Et personne ne le remarquera, personne ne le remarquera.
Pour vous dire la vérité, les autres penseront toujours que vous allez bien. Il est très facile de masquer ce genre de douleur, il suffit de sourire, de faire rire une demi-douzaine de personne, et personne ne s’en doutera. Il n’y a pas de douleurs en surface, il est tellement facile de paraître parfaitement heureux.
Aucune douleur n’est agréable, qu’elle soit physique ou non.
La différence est que pour toute douleur physique, il existe une prescription médicale capable de retarder ou de minimiser la souffrance, mais pour la douleur de l’âme il n’y a pas de remède. Peut-être du temps, une épaule amicale ou, qui sait, un voyage en Indonésie.
Oui, les plus grandes douleurs de la vie ne se voient pas avec les yeux, mais elles se ressentent avec tout ce qu’il y a de plus humain en chaque être.
Et nous allons tous nous en sortir, donc mon seul conseil est : ressentez toute votre douleur aussi intensément que possible et laissez-la partir. Jetez-la dans la rivière la plus proche et voyez comment le courant est capable de l’emporter. Un jour, vous pourrez regarder cette rivière où le ruisseau se vide et sentir votre âme se libérer.
