C’est au sujet des attentes que nous créons à notre époque, en attendant que les choses se passent.
La vie, tout comme le lait, ne se soucie pas de votre hâte, de votre moment, de votre décision. C’est pourquoi vous devez apprendre à faire confiance. En vous détendant. En tolérant les retards ou en ignorant simplement…
Quant j’étais petit, ma mère allait chercher du lait à la ferme d’à côté- frais, gras et entier – pour le petit-déjeuner. Cependant, c’était du lait impur, non pasteurisé, et qui devait bouillir avant d’être consommé.
Bien sûr, le lait bouillait, et sortait de la casserole. J’étais enfant, et quand je voyais ça, je criais : « Maman !!! Le lait a bouilli !!! » et elle arrivait en courant, terrifiée, en prononçant des phrases comme « Ho mon Dieu… » et elle commençait à nettoyer la casserole, la plaque de cuisson, et à voir ce qu’il restait du lait, pour que tout ce processus puisse être répété le lendemain matin.
Jusqu’à aujourd’hui, je ne connaissais pas la raison de cette technique. Mais plus tard, elle a changé sa stratégie. J’étais déjà un peu plus âgé et je pouvais rester près du feu. Alors, je restais à côté de la gazinière, gardant un œil sur le lait qui chauffait pour l’éteindre dès que la mousse montait, l’empêchant ainsi de déborder. C’est comme ça que j’ai appris une grande leçon :
Le lait ne bout que lorsque vous partez.
Il ne sert à rien de s’asseoir près du poêle à faire semblant de s’en moquer ; de prendre même un livre pour vous distraire. Si ce sont des pommes de terre : ça ne bout pas. Il semble y avoir un radar de signalisation capable de doter le lait de perspicacité et de stratégie. Parce qu’il ne suffit pas de partir en faisant semblant que vous ne vous en souciez pas non plus. Le lait se rend compte que ce n’est qu’une stratégie. Et il ne bouillira (et débordera) que si vous l’oubliez VRAIMENT.
La vie aime les surprises et obéit à la « Loi du lait qui déborde » : ce que vous espérez arriver n’arrivera pas tant que vous attendrez.
Autrefois, la souffrance était de rester à la maison en attendant que le téléphone sonne. S’il ne sonnait pas, alors on sortait, on faisait comme si on s’en fichait (enfin je le faisais ), on disait parfois même à quelqu’un d’autre de rester près du téléphone. Mais il ne jouait pas non plus le jeu. Mais quand nous nous déconnections vraiment, les choses coulaient, on se téléphonait, on se parlait, le lait bouillait, la vie continuait tout simplement.
Aujourd’hui, personne ne reste à la maison pour un appel téléphonique, mais cela a empiré. Nous avons les e-mails, Facebook, Whatsapp, Instagram, Tik-Tok et ainsi de suite. Le téléphone portable toujours à portée de main, la névrose qui vous accompagne partout. Et le lait ne bout pas…
Il arrive aussi que vous vous souciiez de votre apparence en espérant tomber sur le grand amour.
Alors vous recoiffez vos cheveux, arrangez votre maquillage pour être belle et décontractée, vous vous mettez un peu de parfum… et avec cela, les chances que quelqu’un vous croise au coin de la rue s’effondrent. Oubliez ça. Le grand amour, le prince charmant ou la canaille sont prédestinés à croiser votre chemin les jours où vous aurez les cheveux ébouriffés, des fringues bizarres et quelque chose de coincé entre les dents.
De même, si vous voulez tomber enceinte, arrêtez de le souhaiter. Ne comptez pas trop sur votre période de fertilité et renoncez à élaborer des stratégies pour le destin. Continuez à pratiquer des sports extrêmes, allez dans des clubs, et faites des marathons. Car c’est souvent lorsque vous n’y pensez plus que le test devient positif.
La vie est comme le lait, elle ne se soucie pas de votre hâte, de votre moment, de votre décision. C’est pourquoi vous devez apprendre à faire confiance. En vous détendant, en acceptant les retards. Ne créez pas d’attentes. Faites comme ma mère : Ignorez…
Et rappelez-vous : il y a des gens qui préfèrent être une chenille à un papillon. Sans patience avec les cycles, ils détruit leur cocon avant l’heure et n’apprennent pas à voler…
Jean-Charles R.