Défaut de posture: Pourquoi certaines cultures autochtones n’auraient pas de maux de dos
Défaut de posture, la posture primate: Des membres de la tribu Ubong de Bornéo (à droite) démontrent parfaitement la position du dos en forme de J. Une femme au Burkina Faso (à gauche) porte son bébé de sorte à ce que sa colonne vertébrale reste bien droite. L'image du milieu présente une colonne vertébrale qui forme un S peu marqué provenant d’un livre d'anatomie moderne (Fig. I), et la colonne vertébrale en forme de J (fig. II) a été dessinée dans le livre ‘Traité d'Anatomie Humaine’ en 1897.
Photo gracieusement offerte par Esther Gokhale et Ian Mackenzie / Les derniers nomades
Nous avons ajouté plusieurs sources utilisées par Esther Gokhale pendant le développement de ses théories sur la douleur lombaire. Il y a des méthodes de physiothérapie, comme la Technique Alexander (et la méthode Feldenkrais , et les travaux de l’anthropologue Noelle Perez-Christiaens.
Le mal de dos est le mal du siècle.
Et à un moment donné, généralement la plupart des gens ont un problème avec leur dos. Pour ceux qui sont peu chanceux, les traitements sont inefficaces dans certains cas, ce qui peut entraîner un problème chronique.
Photo, Défaut de posture: Beaucoup de statues antiques, comme celle-ci qui vient de Grèce, ont généralement une colonne vertébrale avec une déviation latérale en forme de J. Le dos de la statue a pratiquement une forme plate jusqu’au bas du dos, de là, il courbe de sorte à ce que les fesses ressortent bien derrière la colonne vertébrale.
Photo gracieusement offerte par Esther Gokhale / Gerard Mackworth Young
Croyez-le ou non, il y a quelques cultures dans le monde où le mal de dos est pratiquement inexistant. Il y a une tribu indigène en Inde centrale qui a déclaré n’avoir pratiquement pas de maux de dos.
Et les disques intervertébraux dans leur colonne vertébrale ont montré peu de signes de dégénérescence même lorsque les gens prenaient de l’âge.
Une acupunctrice à Palo Alto, en Californie, pense comprendre la raison pour laquelle cela se produit. Elle a voyagé dans le monde entier afin d’étudier les cultures qui ont des faibles taux de douleurs au dos – en observant la manière dont elles se tiennent debout, s’assoient et marchent. Et maintenant elle partage généreusement leurs secrets avec les personnes souffrant de douleurs dans le dos.
Il y a environ deux décennies, Esther Gokhale a commencé à lutter avec sa propre douleur lombaire après la naissance de son premier enfant:
« Cela me causait des douleurs atroces. Je n’arrivais plus à dormir la nuit », dit-elle. « Je faisais une promenade dans le quartier toutes les deux heures. J’avais l’impression d’être infirme ».
Esther avait une hernie discale. Elle a finalement dû avoir recours à une intervention chirurgicale pour réparer sa fracture. Mais un an plus tard, c’est revenu. « Ils voulaient faire une autre intervention au dos. Et la dernière chose que vous aimeriez c’est de faire de la chirurgie du dos une habitude », dit-elle.
Cette fois-là, Esther voulait trouver une solution permanente pour son dos. Par manque de conviction sur les méthodes de la médecine occidentale, elle a donc commencé à sortir des sentiers battus. Et là elle eut une idée: « Aller au sein des populations qui ne rencontrent pas ces difficultés considérables et voir ce qu’ils font »
Voici les cinq conseils d’Esther Gokhale pour avoir une meilleure posture et réduire les douleurs dorsales
Essayez ces exercices pendant que vous êtes assis à votre bureau, à table ou lors d’une promenade.
1. Faites un roulement des épaules: Beaucoup de gens ont tendance à amener les épaules vers l’avant, donc leurs bras se placent devant le corps. Les gens dans les cultures autochtones ne placent pas leurs bras ainsi, dit Esther. Pour corriger cela, poussez doucement les épaules vers le haut, repoussez-les vers l’arrière, puis laissez-les tomber – comme un roulement d’épaule. Maintenant, vos bras doivent être ballants à côté de votre corps, avec vos pouces vers l’intérieur. « C’est la façon dont tous vos ancêtres plaçaient leurs épaules », dit-elle. « C’est l’architecture naturelle de notre espèce ».
2. Allongez votre colonne vertébrale: Ajouter une longueur supplémentaire à votre colonne vertébrale est quelque chose de facile à réaliser, dit Esther. Faites attention à ne pas cambrer votre dos, prenez une profonde respiration et grandissez-vous. Ensuite, maintenez cette hauteur lorsque vous expirez. Répétez le processus: Inspirez, grandissez-vous davantage et maintenez cette nouvelle hauteur lorsque vous expirez. « Cela demande quelques efforts, mais ça aide réellement à renforcer vos muscles abdominaux ».
3. Serrez bien vos muscles du fessier quand vous marchez: Dans de nombreuses cultures autochtones, les gens serrent leur muscle moyen fessier au moindre pas. Voilà une raison pour laquelle votre fessier consiste à faire travailler les muscles qui soutiennent votre dos inférieur. Alors faites comme les autochtones, et commencez à développer le même type de derrière en serrant les muscles fessiers quand vous marchez. « Le muscle gluteus medius est la cible. C’est celui qui est situé au dessus de votre fessier », dit Esther. « C’est également le muscle qui permet à votre corps de rester flexible, à tout âge ».
4. Ne relevez pas le menton: Ajoutez plutôt de la longueur à votre cou en plaçant un objet léger, comme un gant de toilette en équilibre sur votre nuque. Essayez de pousser votre nuque contre l’objet en gardant le menton bien baissé. « Cela fera rentrer votre menton en allongeant l’arrière de votre cou – bien évidement, ne le faites pas de façon exagérée, mais de manière détendue », dit Esther Gokhale.
5. Ne vous asseyez pas le dos bien droit! « Cela provoque une cambrure du dos et vous allez vous fourrer dans toutes sortes de guêpiers ». Au lieu de cela, faites plutôt un roulement d’épaules pour ouvrir la cage thoracique et prenez une inspiration profonde pour étirer et allonger la colonne vertébrale, puis expirez doucement ».
Esther Gokhale a donc étudié les résultats d’anthropologues, comme Noelle Perez-Christiaens, qui avait également analysé les postures des populations autochtones. Et elle a étudié les méthodes de physiothérapie, comme la Technique Alexander et la méthode Feldenkrais.
Au cours des décennies qui ont suivi, Esther est allée dans différentes cultures du monde qui vivent loin de la vie moderne. Elle est allée dans les montagnes de l’Équateur, dans de minuscules villages de pêcheurs au Portugal et dans des villages reculés de l’Afrique de l’ouest.
« Je suis allée dans des villages où tous les enfants de moins de 4 ans pleuraient car ils avaient peur de voir quelqu’un à la peau blanche – pour certains, c’était la première fois qu’ils voyaient une personne blanche de peau », dit-elle.
Durant son voyage, Esther a pris des photos et des vidéos de personnes qui marchaient avec des seaux d’eau sur leurs têtes, en ramassant du bois de chauffage, ou qui étaient assises par terre en train de tisser pendant des heures.
« J’ai une image dans mon livre de femmes qui passent sept à neuf heures par jour à se pencher et à ramasser des châtaignes » dit elle. « Ces gens sont assez âgés. Mais la vérité est qu’ils n’ont pas de douleurs au dos ».
Elle a essayé de comprendre le point commun de toutes ces personnes différentes. La première chose à laquelle elle a pensé était la forme de leurs dos: «Leur posture est royale, et très convaincante ».
Et cette posture est sensiblement différente à celle des occidentaux.
Si vous regardez la colonne vertébrale de la plupart des occidentaux depuis les côtes, ou de profil, elle a la même forme que la lettre S. Elle serpente dans le haut du dos, et à nouveau dans le bas du dos.
Mais Esther n’a pas constaté ces deux grandes courbes chez les personnes qui ne souffrent pas de maux de dos. « En fait, cette forme en S n’est pas naturelle », dit-elle. « La colonne vertébrale en forme de J est l’idéal ».
En fait, si vous regardez les dessins de Léonard de Vinci ou consultez le livre Gray’s Anatomy (un classique de l’anatomie humaine) publié en 1858, la colonne vertébrale n’a pas une forme pointue, ou sinueuse en S. La courbe est plus stable, tout au long du dos. En bas du dos, la colonne courbe de manière à coller au postérieur. Donc, la forme de la colonne vertébrale ressemble plus à la lettre J.
« La colonne vertébrale en forme de J est celle que vous pouvez voir sur les statues grecques. Vous pouvez la constater chez les jeunes enfants. C’est un bon design ».
De là, Esther a commencé à travailler afin d’obtenir une colonne vertébrale en forme de J. Et peu à peu son mal de dos a disparu.
Les épines dorsales en bonne santé dans le monde occidental: La colonne vertébrale en forme de J est souvent vue dans les photographies en fin du 19e et du début du 20e siècle. La Bibliothèque du Congrès
À ce moment-là elle réalisa qu’elle pouvait aider d’autres personnes. Et elle a donc développé une série d’exercices, puis elle a écrit un livre et a installé un atelier au centre-ville de Palo Alto.
À ce jour, la liste de ses clients est impressionnante. Elle a aidé Susan Wojcicki (PDG de YouTube) et Matt Drudge de Drudge Report. Elle a donné des cours à Google, Facebook et à des entreprises à travers les états-unis. Dans la Silicon Valley, elle est connue comme le « gourou de la posture ».
Chaque année les médecins dans la région de Bay orientent leurs patients vers Esther Gokhale. L’un d’eux est le Dr. Neeta Jain, interniste à la Fondation médicale de Palo Alto, qui met la méthode de Gokhale dans la même catégorie que le Pilates et le yoga pour guérir les maux de dos. Et ça ne la dérange pas qu’on n’ait pas fait de essais cliniques sur cette méthode
« Si les gens trouvent que certaines des choses leur sont utiles, et qu’il n’y a aucun préjudice, alors pourquoi devons-nous attendre des essais? » s’exclama le Dr Jain.
Mais il reste encore un gros point d’interrogation qui se profile ici: Esther Gokhale aurait-elle raison? Les gens dans les cultures occidentales aurait-ils en quelque sorte oublié la façon dont ils doivent se tenir?
Les scientifiques ne le savent pas encore, dit le Dr. Praveen Mummaneni, neurochirurgien à l’Université de Californie et au Spine Center à San Francisco. Personne n’a encore fait une étude sur les cultures traditionnelles pour démonter pourquoi certaines d’entre elles ont des taux minimes de douleurs au dos, dit-il. Et personne n’a encore documenté sur la forme de leurs épines dorsales.
« Je voudrais aller prendre des radiographies sur les populations autochtones et les comparer aux gens dans le monde occidental », dit le Dr Mummaneni. « Je pense que cela pourrait être utile ».
Mais il y a tout un tas de raisons concernant les postures des occidentaux, et la forme de leurs épines dorsales pourrait être différente de celle des populations autochtones, dit-il. Pour commencer, certains occidentaux ont tendance à être beaucoup plus lourds.
« Si vous avez beaucoup de graisse accumulée dans le ventre, cela peut déplacer votre poids vers l’avant », dit Dr Mummaneni. « Cela peut provoquer une courbe dans la colonne vertébrale. Et les gens qui sont plus minces sont probablement moins courbés » – ce qui donne une colonne vertébrale plus en forme de J que de S.
Les occidentaux sont aussi beaucoup moins actifs physiquement que les gens dans les cultures traditionnelles, dit le Dr Mummaneni. « Je pense que le mode de vie sédentaire favorise un manque de tonus musculaire et un manque de stabilité posturale étant donné que les muscles deviennent faibles ».
Tout le monde sait que les muscles abdominaux à faible tonus peuvent causer des maux de dos. Effectivement, des muscles plus résistants pourraient bien être le secret de la réussite de Esther Gokhale, dit le Dr Mummaneni.
En d’autres termes, il ne s’agit pas ici de pointer du doigt la colonne vertébrale en forme de J comme étant la plus idéale, ou la plus saine. Ce qui est important c’est de comprendre ce qui permet à la colonne vertébrale d’avoir la forme en J:
« Vous devez utiliser de la force musculaire pour obtenir une colonne en forme de J », dit-il.
Donc Gokhale a en quelque sorte trouvé un moyen d’enseigner aux gens à renforcer leurs muscles abdominaux sans même le savoir . « Oui, je pense que c’est exact », dit Mummaneni.
« Vous ne pouvez pas passer de la colonne vertébrale en forme de S à la colonne en forme de J sans avoir une bonne résistance au niveau des muscles du tronc. Voilà l’élément clé à mon avis ».
Donc les populations autochtones à travers le monde n’ont pas un remède miracle pour enrayer ce type de maux. Ils ont des muscles abdominaux costauds, et leur mode de vie leur permet de les maintenir de cette façon, même lorsqu’ils vieillissent.