Ce qu’un chauffeur m’a appris sur la compassion
A première vue, ce chauffeur m’a paru complètement fou.
Assis derrière le volant de son gros bus, il y avait beaucoup de passagers à l’arrière, moi y compris.
C’était un matin habituel et je m’apprêtais à prendre le bus pour me rendre en ville. Alors que je pris place sur mon siège, je remarquais que le chauffeur avait un curieux comportement. J’ouvris alors de grands yeux en me demandant s’il avait toute sa tête.
» L’harmonie, c’est la conciliation des contraires, et pas l’écrasement des différences. » – Jean Cocteau
A plusieurs moments, le conducteur leva sa main droite en l’air pendant quelques secondes avant de la reposer sur le volant.
Mais pourquoi donc? Pourquoi ce geste? Et là, sa main se leva mystérieusement encore une fois.
Je m’enfonça alors davantage à l’arrière du bus pour avoir une meilleure vue d’ensemble. Je me sentais presque comme un agent surprenant un chauffeur en flagrant délit, sauf que la réalité était tout autre!
Ce fut pour moi le moment décisif où j’ai alors compris l’étendu de son comportement.
En réalité, il n’était pas du tout fou, et m’a même donné une immense leçon d’humanité.
Il saluait en fait quelqu’un chaque fois qu’il levait le bras. Plus exactement, c’était un signe aux autres conducteurs de bus. Aussi, il saluait d’autres conducteurs qu’il voyait en chemin.
Pas un seul bus n’est passé pendant le trajet sans que notre chauffeur ne réagisse. Je remarquais qu’il reconnaissait certains de ses collègues et profitait pour leur faire un signe de la main. Je me suis alors dis que c’était peut-être un truc entre eux.
Le soleil m’éblouissant alors que je regardais par la fenêtre, un énorme sourire se dessinait sur mes lèvres. Ces petits gestes simples m’avaient beaucoup ému.
Bien qu’ils étaient simples, je les trouvais très significatifs, et même symboliques.
A vrai dire, ce qui m’avait touché ce matin-là, c’est que ce chauffeur de bus avait fait signe de la main à tous les autres conducteurs de bus confondus. Peu importe leur origine ou leur âge, il n’y avait pas de jugement. Tout ce qui importait était ce qu’ils avaient en commun.
Malheureusement, un tel échange dû à une activité ou passion commune est chose rare. Nous vivons dans un monde où l’on préfère se concentrer sur nos différences plutôt que sur ce qui nous rassemble. Que ca soit aussi bien au niveau de nos apparences que de nos croyances. Cependant, il en est tout autre avec les plus jeunes.
Les enfants ne font aucune discrimination. Ils ne commettent pas d’atrocités les uns contre les autres. Ils ignorent que l’illusion mène à la séparation et éloigne de l’unité. Un enfant se nouera d’amitié quelle que soit ses différences avec l’autre.
L’amitié chez les enfants transcende l’apparence et même le langage.
Beaucoup d’enfants jouent entre eux malgré l’énorme barrière de la langue. Ils font des signes avec leurs mains ou leurs têtes. Et en faisant preuve de patience, ils arrivent à jouer et à bien s’amuser.
Les enfants ne se soucient pas des étiquettes. Les étiquettes sont nuisibles. On voit clairement qu’il n’y a pas chez eux une mentalité du « eux et nous », qui implique la capacité de reconnaître que nous appartenons tous à une seule famille humaine.
Imaginez un instant si nous vivions dans un monde où chacun reconnaît qu’avant d’être ce que nous sommes nous formons qu’une seule et même famille. Imaginez l’impact que cela aurait sur nos vies.
Il est facile de voir les différences que nous avons avec les autres. Ce qui est difficile, c’est de rechercher nos similitudes et de cultiver le sentiment de ne faire qu’un.
Que pouvons-nous faire en tant qu’individu pour cultiver ce sentiment d’unité?
. Etre curieux de ceux/celles avec qui vous partagez votre vie
Posez-leur des questions et voyez ce que vous avez en commun. Nous avons beaucoup plus de choses en commun avec nos proches que nous le pensons. Recherchez ces petits détails chez les personnes que vous côtoyez. Voyez si vous avez des goûts ou des musiques en commun.
. La conscience
Nous sommes tous des êtres humains, avec parfois les mêmes envies et mêmes besoins. Et en fin de compte, toute personne que vous rencontrez aspire à être aimée et acceptée. Si vous prenez le temps de leur parler, vous constatez qu’ils partagent peut-être les espoirs et désirs que vous. Entant qu’être humain, nous cherchons tous à éviter la souffrance et à être aimé..
Si vous vous mettez à la place d’un autre, comment voudriez-vous qu’on vous traite?
» Les contraires s’accordent et la discordance créé la plus belle harmonie. » – Héraclite