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COMMENT SE DEFINIT L’ACCES A LA DIMENSION SPIRITUELLE

ACCES  A  LA  DIMENSION  SPIRITUELLE
Image crédit: Pixabay

La dimension spirituelle de l’être est un mode d’expression distinct du niveau psychologique. Elle reste peu définie, se confond à une relation au divin  ou semble se référer à un ensemble de valeurs morales comme dans la spiritualité laïque.

Or, la dimension spirituelle est l’expression d’une exigence intérieure à laquelle le Moi tend à se subordonner, condition indispensable à l‘élévation intérieure et à l’acquisition de la sagesse. L’émergence de la dimension spirituelle s’articule autour de deux opérateurs que j’ai qualifiés de noétique (1), à savoir : l’éthique et la tempérance.

L’ETHIQUE

Tant que l’être semble se complaire dans la satisfaction immédiate de ses désirs, il ne se pose pas la question du sens de l’existence, encore moins du bien fondé de ses conduites, de ses propos et de ses pensées. Jusqu’au jour où sa relation de possession de l’objet matériel ou d’autrui génère une souffrance et des questionnements quand il se trouve confronté au manque.

   C’est à ce moment-là que peut s’opérer un changement fondamental en lui, s’il en est disposé, où il choisit de mettre en suspend sa violence intérieure, de la transformer en énergie nouvelle, en référence à l’éthique.

  L’éthique est cette loi intérieure qui nous interdit de porter atteinte à l’autre. Elle va bien au-delà des considérations bioéthiques qui n’en sont qu’un pâle reflet. L’éthique reconnaît l’irréductibilité de l’autre, son humanité. C’est l’affirmation radicale de la séparation du soi et du non-soi dans l’attitude du renoncement au désir de possession de l’autre qui inaugure l’expérience spirituelle et constitue l’acte fondateur du nouvel être.

   La reconnaissance de l’autre comme radicalement autre nous conduit à participer pleinement de son humanité, à ne faire qu’un avec lui. Nous renonçons à notre désir nostalgique de toute puissance. Nous acceptons nos faiblesses, nos manques, nos insuffisances, et  nous orientons notre regard vers d’autres horizons, vers l’inconnu, vers soi. L’acceptation et la reconnaissance de la séparation de soi et du non-soi dans le registre de l’éthique, constituent la manifestation de la première mort symbolique, la mort au monde, aux logiques de domination.

UN ACTE D’AUTODETERMINATION

Celui qui se réfère à l’éthique et s’interdit de porter atteinte à la vie         qui   est en l’autre et en soi, entre dans l’ordre spirituel en même temps qu’il reconnaît cette loi et se l’impose. Cette coupure symbolique autoproclamée modifie radicalement son mode d’exister et l’invite à assumer sa solitude existentielle. C’est l’acte libre dans toute sa pureté.

            Dans ce moment de l’exister, nous découvrons que nous sommes   dépositaire de la vie et tant que nous respectons l’exigence de l’éthique, la vie ne cessera de croître en nous et de nous éveiller à d’autres réalités. Nous avons contribué grandement, en pleine conscience de nous-mêmes à cette deuxième naissance et nous nous affirmons dans le renoncement à tout ce qui peut porter atteinte à la vie.

   L’éthique est donc la prise de conscience que toute atteinte portée à  l’autre, même en pensée, est une atteinte à la vie qui l’anime et qui nous anime et donc au devenir de l’humanité. Ce qui ne signifie pas que tout acte ou parole qui a l’apparence de la force soit condamnable. La force physique ou de persuasion peut se justifier quand elle se met au service du droit – à condition que celui-ci ne porte pas en lui-même les germes d’une violence- ou quand elle vise à rétablir le respect de l’autre ou de soi. Quand elle est utilisée comme moyen, le problème est alors de savoir si les objectifs qu’elle se propose de servir, sont louables.

  L’éthique apparaît comme le premier opérateur noétique et sert de fondement à la constitution de notre être spirituel, du Nouvel Homme. Elle est à l’origine de notre civilisation judéo-chrétienne. L’éthique est la traduction sur le plan spirituel du commandement hébraïque : tu ne porteras pas atteinte à autrui ou du commandement christique : tu as aimeras ton prochain comme toi-même. Elle est avant tout une loi qui a cherché à ordonner différemment nos conduites humaines et à établir d’autres rapports sociaux. Son application n’a pas toujours été respectée, à d’autres moments elle a été bafouée, mais elle reste une référence incontournable pour celui qui part à la recherche du sens de la vie, comme pour une société en mutations.

  L’application de l’éthique recentre la vie psychique autour de l’axe corporel et engage une conversion du cœur où l’être, par un détachement intérieur tend à se libérer de l’enfermement des investissements psycho-affectifs divers et parfois ambivalents ou contradictoires. A ce niveau, l’être commence à accéder au ressenti émotionnel, corporel comme source d’informations sur son environnement et sur lui-même. C’est à ce moment-là que s’enclenche le deuxième opérateur noétique : la tempérance.

LA  TEMPERANCE

Le renoncement à la possession ou le détachement à l’égard des objets matériels ou humains a pour effet de substituer à la multiplicité des désirs, l’unicité du Désir. Celui-ci, en tant que mode d’expression de l’énergie vitale, avait tendance à se perdre dans des investissements multiples. Désormais, il se révèle dans l’unité intérieure comme détenteur d’une  puissance nouvelle disponible pour des investissements intérieurs mais d’une puissance qu’il importe de maîtriser.

   La tempérance est un outil intérieur qui permet de réguler l’intensité du désir, de l’orienter vers des causes qui contribuent à l’élévation d’âme. L’homme dont l’attention était tournée vers l’action, la réalisation de soi, découvre les bienfaits de l’acceptation de soi, du recueillement. La sexualité se présente désormais comme une énergie à composante physique et psychique qui a l’orientation que nous voulons bien lui donner.

   L’énergétique psychique, de sexuelle peut devenir spirituelle si nous considérons notre flux imaginaire comme un mode de connaissance de soi et de la réalité, comme une parole qui témoigne de l’Etre, mais aussi l’informe et participe à son développement.

PERSPECTIVE

   Avec la mise en activation des deux opérateurs noétiques, nous passons ainsi du niveau psychologique au niveau spirituel. La maîtrise de soi passant par la maîtrise corporelle, requiert dans la quotidienneté, la pratique de la tempérance qui renvoie à des notions de pondération, de variabilité et d’adaptabilité. A travers la maîtrise corporelle, c’est la maîtrise du mental que nous visons, maîtrise qui se trouve étayée par la pratique du discernement.

   L’application permanente de ces deux opérateurs dans notre vie intérieure jette les bases d’une évolution intérieure qui nous ouvre à l’exploration de réalités subtiles, en même temps que la relation à autrui se met au service de la Lumière.

(1) Le terme noétique vient du grec Nous qui désigne l’intelligence, l’esprit humain, en tant qu’intermédiaire entre la psyché et le pneuma (esprit de Dieu). L’esprit humain, le Nous, qui nous apparaîtra au travers de l’expérience du Soi, nous ouvre à la dimension spirituelle ( Miel C., L’homme intérieur, Agnières, Le temps présent, 2012, 130 p. ).

                                                                                             Christian Miel

Site de l’auteur : https://www.christian-miel.com 

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Publié par Jean-Charles Réno

À propos de l’auteur: j'aime la nature et l'écologie mais je m'intéresse aussi à la psychologie et la spiritualité, je pense que tout est lié. Je suis arrivé dans l’équipe d’ESM en 2016 après avoir étudié en Angleterre et passé plusieurs années en Australie . Depuis toujours, je suis soucieux de la nature et de mon impact sur l’environnement. Ainsi, par le biais d’informations, j’essaie de contribuer à l’amélioration de l’environnement et de jouer un rôle dans l’éveil des consciences afin de rendre le monde un peu meilleur chaque jour.

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