Si l’on ne devait retenir qu’une seule icône d’Hollywood des années 50, ce serait sans aucun doute Marilyn Monroe (1er juin 1926 – 5 août 1962).
Surtout connue pour son style pin-up, et ses mensurations pulpeuses, Marylin Monroe était également une femme profondément complexe.
D’un côté, elle renvoyait l’image de la blonde vaporeuse, glamour et pétillante, et de l’autre il y avait cette femme torturée, cérébrale et passionnée par la littérature et la psychanalyse. Elle prenait grand soin d’être photographiée en train de lire ou de tenir un livre, pour montrer son amour pour la littérature.
Sa bibliothèque personnelle contenait quatre cents livres, dont des classiques comme Dostoïevski et Milton et des œuvres plus modernes comme Hemingway et Kerouac. Lorsqu’elle ne se faisait pas photographier, elle suivait des cours du soir de littérature et d’histoire à UCLA.
Mais dans ses écrits – des textes fragmentaires ressemblant à des poèmes, écrits dans des cahiers et sur des feuilles mobiles, publiés pour la première fois dans Fragments. Poèmes, écrits intimes, lettres– on découvre un être complexe et sensible qui scrute profondément sa propre psyché et très altruiste. Ce que ces textes décrivent, par-dessus tout, est la déconnexion tragique entre une personnalité publique très visible et une personne privée très vulnérable, incomprise par le monde, qui désire profondément être vue.
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Mystérieuse, poétique, curieuse, mais aussi fragile… voilà, la véritable Marilyn Monroe, telle que révélée par ses écrits.
« Seuls quelques fragments de nous toucheront un jour des fragments d’autrui. La vérité de quelqu’un n’est en réalité que ça, la vérité de quelqu’un. On peut seulement partager le fragment acceptable pour le savoir de l’autre. Ainsi on est presque toujours seuls.
Comme c’est aussi le cas de toute évidence dans la nature – au mieux peut-être notre entendement pourrait-il découvrir la solitude d’un autre. »
« Vie
Je suis tes deux directions
Demeurant tant bien que mal vers le bas le plus souvent
mais forte comme une toile d’araignée dans le
vent — j’existe davantage avec le givre froid et scintillant.
Mais mes rayons perlés ont les couleurs que j’ai
vues dans un tableau — ah vie ils
t’ont trompée »
« Oh comme j’aimerais être
Morte – absolument non existante-
Partie loin d’ici – de
Partout mais comment le ferais-je
Il y a toujours des ponts – le pont de Brooklyn
Mais j’aime ce pont (de là tout est si beau et l’air est si pur) lorsqu’on y marche cela semble paisible même avec toutes ces voitures qui vont comme des folles en dessous. Donc il faudrait que ce soit un autre pont un pont moche sans vue – sauf que j’aime chaque pont en particulier – il y a quelque chose en eux et d’ailleurs je n’ai jamais vu un pont moche. »
Marchant sur les cailloux,
avec une vue si imprenable qu’on peut l’admirer sans fin,
mais mon regard reste posé sur toi.
Tout s’embrouille à l’horizon,
et un mince espace d’air s’invite entre nous, en plus de nos nombreuses histoires,
trop effrayée pour en parler,
alors que je tente de t’atteindre ..
Au-delà de ses poèmes, les pensées intimes de Monroe rassemblées dans Fragments sont tout aussi émouvantes. Dans son célèbre cahier Record en 1955, elle fait écho à la célèbre phrase de Kerouac, « Pas de crainte ni de honte dans la dignité de votre expérience, de votre langue et de vos connaissances »:
« Sens ce que je ressens
Au fond de moi, quelque chose a changé,
Une prise de conscience,
J’arrive à mieux ressentir ce qu’il y a chez les autres
Et je n’ai plus honte de mes sentiments, pensées, ou même idées
je les prends tels qu’ils sont… »
Dans son journal italien de 1955-1956 gravé en vert, elle écrit:
«Je trouve que la sincérité et être simple et directe comme (possiblement) j’aimerais est souvent pris pour de la pure stupidité. Mais puisqu’on n’est pas dans un monde sincère - il est très probable qu’être sincère est stupide. On est probablement stupide d’être sincère puisque c’est dans ce monde et dans aucun autre monde dont nous soyons sûrs que nous existons - ce qui veut dire - (puisque la réalité existe, on doit faire avec) puisqu’il y a la réalité avec laquelle on doit traiter. »
En 1956, Monroe se rendit à Londres pour tourner Le Prince et la Danseuse.
Elle logea dans un manoir luxueux du nom de Parkside House, situé en dehors de la ville, et utilisa le papier de l’hôtel pour écrire ses pensées:
« Avoir ton cœur est la seule chose parfaitement heureuse dont je sois fière. »
« Je pense que j’ai toujours été profondément effrayée à l’idée d’être la femme de quelqu’un car j’ai appris de la vie qu’on ne peut aimer l’autre, jamais, vraiment. »
Certaines de ses notes non datées se situent entre la discipline de la liste des choses à faire et la contemplation expansive de la philosophie:
« Pour la vie
Cela relève de la détermination de ne pas être submergée
Pour le travail
La vérité peut être rappelée, mais jamais inventée. »
Photo à la une Marilyn Monroe photographiée par Sam Shaw 1957. Exhibition, Marilyn and Marlon ». Gallery 35, Moscou, Russie. 09.12.2009