Mary Oliver, née le 10 septembre 1935 à Maple Heights en Ohio et décédée le 17 janvier 2019, fait partie des poètes les plus appréciés du siècle dernier, une artisane dévouée aux poèmes remplis de sagesse.
Dans cet enregistrement d’un événement organisé en 2001 par la Fondation Lannan, la même lecture qui a donné à Oliver la magie de la ponctuation, la bien-aimée écrivaine lit le poème qui est devenu l’un de ses plus célèbres par la suite.
L’oeuvre d’Oliver parle avec une telle profondeur et honnêteté courageuse sur certaines de nos plus profondes perplexités, luttes et exaltations humaines qu’on peut le lire partout, aux cours de yoga, reproduits à l’infini sur les réseaux sociaux et même dans des livres de psychologie populaire et d’entraide.
Et pourtant, malgré la vaste exposition, quelque chose de singulier, quelque chose de mystérieux et immuablement émouvant se produit lorsqu’Oliver fait tournoyer les pensées complexes de son poème dans sa propre bouche:
Oies sauvages de Mary Oliver
Tu n’as pas besoin d’être bon.
Tu n’as pas besoin de marcher à genoux
sur une centaine de kilomètres dans le désert, repentant.
Il te suffit, simplement, de laisser le doux animal de ton corps
aimer ce qu’il aime.
Raconte-moi le désespoir –ton désespoir—
et moi, je te raconterai le mien.
Entre-temps, le monde poursuit son cours.
Entre-temps, le soleil et les perles claires de pluie
se déplacent à travers les paysages,
au-dessus des prairies et des arbres profonds,
des montagnes et des rivières.
Entre-temps, les oies sauvages, là-haut dans le ciel bleu et pur,
rentrent de nouveau au pays.
Qui que tu sois, et aussi esseulé que tu puisses être,
le monde s’offre à ton imagination,
il t’interpelle comme la voix rauque et animée des oies sauvages,
clamant encore et encore ta place
au sein de la famille des choses.