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Pourquoi nous ne devrions plus dire « mes plus sincères condoléances »

sincères condoléances

Image crédit: Pixabay.com

Pourquoi nous ne devrions plus dire « mes plus sincères condoléances »

Il y avait environ 150 personnes aux funérailles de mon père.

Toutes les conversations, que ce soit avec un vieil ami ou un parfait étranger, ont commencé avec exactement la même phrase: « mes plus sincères condoléances .» La plupart des conversations s’arrêtent à cela , en partie parce qu’il n’y a pas grand chose à répondre, à part « merci ».

Quelques personnes ont réussi à démarrer la conversation d’une autre manière comme « Il est dans un meilleur endroit maintenant » ou , « Au moins il ne souffre plus », mais tout a commencé à ressembler assez rapidement à un disque rayé, que j’avais entendu à plusieurs reprises dans les films. On le jouait désormais pour moi à l’un des moments les plus douloureux de ma vie, et cette expérience a littéralement changé ma vie à jamais.

Pourquoi beaucoup d’entre nous ont du mal à parler à quelqu’un qui est en deuil?

C’est peut-être à cause de notre phobie de la mort dans notre culture. Si nous nous sommes aussi mauvais pour faire face au deuil, c’est parce qu’on ne nous a jamais vraiment appris à mieux nous y préparer. Malheureusement, cela laisse la majorité des gens avec une seule phrase dans leur répertoire, « mes plus sincères condoléances ».

Le deuil a besoin d’autre chose que des clichés.

Un problème est simplement l’utilisation écrasante de cette expression, en la réservant presque exclusivement à la famille.Il ne semble pas que les amis proches fassent vraiment le deuil, alors que les membres de la famille sont marqués par la perte.
Dire, « mes plus sincères condoléances » est un peu comme la caissière qui dit, « Bonne journée » au client. Cela trahit un manque de pensée originale et c’est tellement répandu que c’est devenu irritant pour beaucoup.

Lorsque les réponses sont programmées, à quel point le sentiment est-il sincère?

La lucidité fonctionne. Les euphémismes non.

L’utilisation du langage de la perte comme un euphémisme pour la mort est l’une des nombreuses façons pour notre culture de dissimuler la réalité de la mort, de perpétuer nos phobies à ce sujet et de nous emprisonner. On préfère dire « J’ai perdu ma mère en 2015 » pour éviter de dire le mot « mort ».

Le problème est que c’est linguistiquement incorrect. Le verbe « perdre » est actif, c’est quelque chose que nous  faisons. La réalité de la douleur est que quelqu’un d’autre est mort. Vous ne l’avez pas perdu de la même façon que vous perdriez vos clés de voiture ou votre porte-monnaie, et selon vos convictions religieuses, vous n’avez pas l’impression de l’avoir perdu.

Pendant la plus grande partie de ma vie, je pensais que les êtres décédés étaient définitivement perdus parce que j’étais bien formé par la culture pour y croire. Un ami amérindien est venu me rendre visite un jour et j’ai dit quelque chose à propos de la perte de quelqu’un et mon ami a répondu: « tu ne dois pas perdre quelqu’un juste parce qu’il est mort ».

C’était la première fois que j’étais exposé à l’idée qu’il était possible de vivre en présence des fantômes morts, comme des membres honorés du clan.

Ces jours-ci, je me suis habitué à l’idée de vivre en présence de proches décédés. En fait, leur parler dans  des moments calmes lorsque je suis seul est l’un des éléments essentiels – comme la méditation, la nature ou le souvenir d’occasions spéciales -, j’utilise cela pour faire face à mon chagrin chaque fois qu’il apparaît. Que l’on y pense en termes de psychologie ou en termes de langage spirituel, c’est sans importance. Tout ce que je sais, c’est que je trouve cela utile.

C’est la mauvaise programmation mentale.

Des experts dans le domaine du chagrin ( Stephen Jenkinson , par exemple) commencent à recommander d’utiliser plutôt le langage de la souffrance, de la guérison et de la lutte contre les défis. Le langage du deuil réfute la notion qu’il pourrait y avoir un avantage au deuil, un approfondissement spirituel qui peut résulter d’être exposé à quelque chose qui est une conséquence inévitable du fait de naître et de choisir de s’aimer. En changeant le langage de la souffrance, de la guérison et de la lutte contre les défis, la mort et le deuil peuvent redevenir des processus rédempteurs qui ont toujours été destinés à se produire.

Après avoir expérimenté personnellement l’ancien cliché et son application du monde réel plusieurs fois pendant plusieurs décennies, je me souviens très bien quand quelqu’un a dit pour la première fois: «Je suis désolée pour votre souffrance. Je suis ici avec vous. »

Qu’est-ce que ces mots semblaient différents !

Je savais tout de suite que l’étrangère assise à côté de moi sur un banc du parc comprenait quelque chose que tous mes amis et ma famille proches avaient manqué, qui avaient été désolés pour ma perte, mais qui n’étaient pas présents dans ma souffrance.

Tout d’abord, elle savait que je souffrais, et son utilisation du mot «désolée» était de la véritable compassion et non de la pitié. Deuxièmement, il n’y avait pas de distanciation ou d’évitement dans la façon dont elle l’a dit. Elle savait ce dont j’avais le plus besoin: la validation de mon chagrin et quelqu’un prêt à écouter, même si cela signifiait écouter des larmes. Le meilleur dans tout cela, il n’y avait pas de jugement.

Les défis à venir.

Un nombre important de personnes commencent à s’ouvrir sur leur insatisfaction à l’égard de ce cliché dépassé. D’autres semblent presque déterminés à le défendre comme l’expression ultime de la sympathie. Ce que les défenseurs ne semblent pas comprendre, c’est que personne ne sera jamais offensé ou blessé si l’on ne dit pas: « mes plus sincères condoléances ».

Pour ceux qui veulent améliorer leur communication face au deuil en éliminant les clichés avec des réponses plus précises, utiles et authentiques, mais qui ne savent toujours pas quoi dire, voici quelques autres choix dans aucun ordre particulier. Ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses options disponibles, et elles peuvent être combinées de diverses façons pour les rendre à la fois personnelles et appropriées.

1. Je suis désolé, tu souffres en ce moment, mais je suis là avec toi et je suis prêt à aider de toutes les façons possibles. Est-ce qu’il y a tout ce dont tu as besoin en ce moment?
2. Je suis désolé pour tous les défis qui pourraient t’attendre, mais je suis ici et je désire t’apporte mon aide. Puis-je t’appeler dans la semaine pour voir cela avec toi ?
3. Je ne peux pas imaginer ce que tu dois traverser en ce moment, mais j’ai connu assez de douleur pour savoir que cela peut être très difficile. N’hésite pas à m’appeler s’il y a quelque chose que je puisse faire pour aider.
4. Je suis tellement désolé d’avoir appris pour _____. Je suis sûr qu’il te manquera terriblement. Comment fais-tu pour tenir?
5. Je sais qu’il n’y a rien que je puisse dire maintenant pour améliorer les choses, mais je sais aussi qu’avoir quelqu’un à qui parler dans des moments comme celui-ci est vraiment important, alors n’hésite pas à m’appeler quand tu le souhaites.

Les phrases ci-dessus ouvrent facilement à des conversations plus longues, tandis que «mes plus sincères condoléance» tend à y mettre un terme. Dans certains cas, il convient même de rester silencieux et d’offrir un câlin profondément sincère. Le plus important est tout simplement d’être disposé à écouter et d’être présent.

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Publié par Claire Cordon

À propos de l’auteure: J’ai toujours été passionnée par tout ce qui avait trait à la spiritualité et son influence sur nous tant sur le plan psychologique que spirituel. Depuis que j’ai intégré l’équipe d’ESM en 2013, je mets au service toutes mes connaissances pour aider au mieux les gens qui en ont besoin et qui cherchent des réponses à leurs nombreuses questions. J’espère pouvoir y contribuer un peu chaque jour.

4 Commentaires

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  1. oui il ya pire encore « ha mais t’as tes filles! ca remplacera »! oupps oui des fois certains feraient mieux de se taire! j’étais enceinte de mes jumelles quand mon Amour (leur papa) est décédé! .. « non elles ne le remplaceront pas » le « ca » pour designer des enfants..
    « ha le papa est parti??  » non il est mort! c’est définitif! il ne reviendra jamais! … employé le mot « partir » pour dire « mort » peut preter à confusion surtout a coté de jeunes enfants! qui du coup risque de développer une crainte terrible de séparation! si maman part (en course au travail prendre sa douche) elle ne reviendra jamais!! des fois les angoisses de séparations des petits peuvent aussi venir de mots entendus comme ca… auxquels les gens ne font pas attention! j’ai toujours dis et jamais caché à mes enfants que leur papa est mort (ou décédé) ! elles le savent depuis qu’elles sont toutes petites! je les ai meme emmené au cimetière pour leur montrer!

  2. j’apprécie beaucoup toutes vos observations sur le deuil, la douleur de voir partir quelqu’un de proche, quelqu’un d’aimé, la perte du lien physique, regards, paroles, échanges, partages. C’est ce qui est le plus douloureux, et c’est vrai que les personnes qui pourtant nous aiment, ne comprennent pas la dimension de toutes ces conséquences du départ d’un être aimé et proche.
    Les paroles inadaptées, toujours les mêmes, les mots les paroles un peu mièvres sont encore plus douloureuses que l’absence de réactions. Mieux vaut le silence, un geste affectueux, une présence silencieuse et compatissante et permettent d’évacuer un peu de l’oppression de la souffrance, de la douleur de l’absence.
    Vos exemples de paroles de soutien sont magnifiques mais si difficiles à exprimer quand on ne vit pas soi-même la douleur et l’absence. La vraie COMpassion est difficile pour la majorité des gens, coupés de leurs émotions dans notre société raisonneuse, pragmatique et « efficiente » par obligation. Nous ne sommes plus des êtres sociaux au sens humain du terme mais des éléments séparés formant une société telle une entreprise et qui doit fonctionner comme une entreprise quoi qu’il arrive. Pas de vagues dans cette société nouvelle, pas de place ou pas trop longtemps aux sentiments surtout « négatifs » et vite vite il faut retrouver le quotidien sans laisser déborder sentiment émotions tristesse etc
    La mort ne doit pas déranger cette société ANhumaine, ni la mort ni les personnes qui ont un deuil à vivre, sans trop le laisser voir, inconvenant maintenant. C’est doublement triste. A la perte de mon mari, j’ai été triste de constater que non seulement on vit soudain dans la solitude, mais qu’en plus cela semble faire peur à tous, même les plus proches comme si cela était contagieux. Double peine

  3. Allez voir une personne qui a perdu un etre cher n est pas si simple, pouvoir dire qlq chose a la personne endeuillée est pour certains tres difficils. Qu ils viennent vers nous pour nous dire cette formule est déjà qlq chose de très beau. Ils viennent près de nous pour l annoncer, c est deja un grand pas et une forte presence. Pourquoi condamner cette formule, condamner les personnes qui le disent. il y a toujours mieux a dire certes mais dans cette formule il n y a pas seulement ces deux mots…

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