Jean-Charles Réno
Demander pardon est une belle démarche pour plusieurs raisons, mais l’élégance ultime réside dans la prévention de toute blessure envers les autres. Il est incontestable que nous ne devons pas oublier ceux qui nous entourent, reconnaître les vies qui existent en dehors de la nôtre, et ne pas étouffer nos émotions sous le fardeau des défis quotidiens.
Il est vrai que se consacrer uniquement aux autres, au détriment de notre propre bien-être, n’est pas viable. Nous pouvons véritablement aider les autres lorsque nous sommes bien, forts, car accorder une priorité absolue à autrui pourrait éventuellement laisser nos propres ressources épuisées, notre équilibre perturbé et notre force diminuée.
Le monde souffre d’un déficit d’empathie, c’est indéniable.
Il est rare de trouver des individus capables de se mettre à la place d’autrui sans juger des histoires qui ne leur appartiennent pas. Peu nombreux sont ceux qui parviennent à regarder au-delà de leur propre réalité.
Il est compréhensible que la vie trépidante et stressante à laquelle nous nous soumettons régulièrement nous laisse épuisés et limités dans notre capacité à percevoir au-delà de nos propres existences.
Nous accumulons fatigue et épuisement, nous privant ainsi de la force nécessaire pour agir au-delà de nos engagements personnels. Dans ce cadre, notre comportement semble mécanique, agissant tel des automates, allumés par défaut.
Nous traversons les rues sans véritable conscience, croisons des individus sans les voir, vivons sans ressentir. Les obligations quotidiennes et les engagements incontournables prennent le dessus sur nos journées. Laissant à peine le temps de se reposer ou de partager des moments avec nos proches. En conséquence, il devient rare d’avoir le temps de remarquer quelque chose ou quelqu’un qui n’appartient pas directement à notre quotidien.
Malheureusement, dans ce contexte, bon nombre d’entre nous perdent la sensibilité aux émotions des autres.
Demander pardon et éviter de blesser les autres sont tous deux des comportements admirables.
Mais voici cinq raisons pour lesquelles l’évitement de blesser est particulièrement louable :
1. Demander pardon oui, mais éviter de blesser les gens pour cultiver des relations saines
Éviter de blesser les autres contribue à la construction de relations saines et durables. En agissant avec précaution et respect envers les sentiments d’autrui, on favorise un environnement relationnel positif, basé sur la confiance et la compréhension mutuelle.
2. Pour favoriser l’empathie et la compréhension
En choisissant d’éviter de causer du tort, on démontre une empathie profonde envers les sentiments des autres. Cette approche favorise une meilleure compréhension des besoins et des perspectives des personnes autour de nous, renforçant ainsi les liens émotionnels.
3. Demander pardon oui, mais éviter de blesser les gens pour promouvoir un climat positif
L’évitement de blesser les gens contribue à créer un climat positif dans les interactions sociales. Cela favorise un sentiment de sécurité émotionnelle, encourageant les gens à s’exprimer librement sans craindre un jugement ou des blessures inutiles.
4. Pour maintenir l’intégrité personnelle
En choisissant de ne pas blesser délibérément les autres, on maintient son intégrité personnelle. Cela reflète une conscience éthique et une responsabilité envers ses actions, renforçant ainsi la confiance que les autres ont en notre caractère.
5. Demander pardon oui, mais éviter de blesser les gens pour contribuer à un monde plus bienveillant
La décision d’éviter de blesser les gens contribue à la création d’un environnement plus bienveillant, où les individus se traitent avec respect et considération. Cette attitude peut avoir un impact positif qui se propage dans la société, encourageant la compassion et la gentillesse.
Nous ne devons pas négliger autrui.
Nous devons être attentifs aux vies qui s’étendent au-delà de la nôtre. Et il faut essayer de ne pas enfouir nos sentiments sous le poids des épreuves quotidiennes. Autrement, nous risquons de causer du tort aux autres, de blesser leurs émotions, et de devenir progressivement insensibles, distants, moins affectueux, moins reconnaissants, simplement moins humains.
Il faut conserver en nous toute l’affection, tout l’amour, tous les sentiments du monde, même lorsque l’extérieur semble être pluvieux, sombre, stérile, inhospitalier, voire cruel. En absorbant le poids des choses négatives, nous nous privons de la capacité à contribuer positivement au monde qui nous entoure, risquant ainsi de blesser les autres sans raison valable.
La plupart d’entre eux n’y sont pour rien. Évitons de porter des fardeaux inutiles afin de ne pas avoir constamment à présenter des excuses.
Car, si demander pardon est une belle démarche, l’élégance suprême réside dans la prévention de toute blessure envers les autres.
