Jean-Charles Réno
L’objectif de ces exercices est de vous aider à prendre du recul et à évaluer si l’adhésion à des pensées négatives vous rapproche ou vous éloigne de vos valeurs fondamentales dans la vie. Bien que les pensées négatives puissent parfois disparaître, cela devrait être considéré comme un effet secondaire bénéfique du désamorçage, et non comme l’objectif principal.
La véritable question est de savoir si une pensée vous motive à agir en vue d’une vie significative et épanouissante. Alors, préparez-vous à désamorcer vos pensées et poursuivez la lecture.
Pour désamorcer les auto-jugements et les évaluations négatives, il y a un exercice qui consiste à nommer ces pensées. Essayez maintenant.
Commencez par identifier un auto-jugement particulièrement négatif que votre esprit génère. Cela pourrait être quelque chose comme « Je suis un perdant / un imposteur / gros / sans valeur » – choisissez ce qui résonne le plus avec vous. Prenez trente secondes à une minute pour réellement laisser cette évaluation pénétrer en vous. Soyez attentif à vos sentiments lorsque vous adhérez à cette pensée.
Maintenant, ajoutez la phrase « J’ai la pensée que » devant votre auto-jugement. Ainsi, votre phrase deviendrait « J’ai la pensée que je suis un perdant / un imposteur / gros / sans valeur », etc. Si vous pouvez l’écrire, c’est encore mieux. Pour atteindre un niveau avancé de désamorçage, essayez cette formulation : « Je remarque que j’ai la pensée que je suis… »
Voici à quoi cela devrait ressembler :
Je suis un imposteur.
J’ai la pensée que je suis un imposteur. Je remarque que j’ai la pensée que je suis un imposteur.
- Que remarquez-vous ?
- Y a-t-il un sentiment de distance entre vous et vos pensées ?
- Vous sentez-vous moins pris dans la pensée ?
- Maintenant que vous avez cet espace, qu’est-ce que cela vous permet de faire différemment ?
Remerciez votre esprit
Par moments, j’ai l’impression que mon esprit me lance des appels non sollicités, comme ces appels téléphoniques indésirables sur une ligne fixe. Il semble penser que vous avez récemment été impliqué dans un accident, tout comme ces appelants intrusifs.
Cependant, vous pouvez développer la capacité de vous désengager de ces pensées en choisissant de les remercier pour leurs intentions, plutôt que de les combattre. De plus, donner un nom à votre esprit peut donner un coup de pouce à vos exercices de désamorçage, en les rendant plus dynamiques et personnels.
Chants et voix drôles
Voici une autre méthode pour réduire davantage l’influence de vos pensées. Prenez la pensée gênante que vous avez et exprimez-la en la chantant à haute voix. De nombreuses personnes le font en utilisant la mélodie de « Joyeux anniversaire », mais vous pouvez aussi opter pour « Mamma Mia » ou n’importe quelle autre chanson qui vous convient. Essayez de chanter à différentes vitesses pour observer l’effet que cela a sur la pensée.
De la même manière, vous pouvez exprimer la pensée dans la voix comique d’un personnage de film, de dessin animé ou d’une personnalité publique. Vous pouvez ssayer de dire quelque chose comme « Je suis un gros imposteur en imitant la voix de Mr. Bean et voyez comment votre relation avec cette pensée évolue.
L’objectif ici n’est en aucun cas de se moquer de soi-même, mais plutôt de percevoir vos pensées simplement comme des pensées, et non comme des ordres gravés dans la pierre.
Citron
Il y a plus d’un siècle, un psychologue du nom d’Edward Titchener a découvert que la répétition fréquente des mots les dépouillait progressivement de leur signification. Il a réalisé cela avec le mot « lait », mais je préfère utiliser « citron » ou « fourchette » à cette fin.
Essayez à présent. Prononcez à voix haute le mot « citron » quarante fois. Qu’avez-vous remarqué ? Il est fort probable que le mot « citron » soit devenu une suite de sons dépourvue de sens. Cette expérience conduit également à une diminution des associations et de l’intensité émotionnelle liées aux mots.
Peut-être que les mots « citron », « lait » ou « fourchette » ne comportent pas beaucoup d’associations émotionnelles complexes pour vous. Cependant, je parie que les mots ou expressions que vous utilisez pour vous auto-critiquer en sont remplis – des jugements tels que « stupide », « gros », « sans valeur ».
À présent, appliquez cette méthode aux jugements auto-dévalorisants que vous avez en tête. Répétez ces phrases au moins quarante fois afin de diminuer leur force émotionnelle. L’objectif n’est pas de déterminer si ces jugements sont véridiques ou non, mais simplement de réduire l’emprise des mots que votre voix intérieure critique projette.
Que remarquez-vous ? Le pouvoir de ces mots change-t-il ? Si cela fonctionne pour vous, essayez de le faire quelques fois au cours de la semaine.
Emportez vos pensées avec vous
Prenez un petit bout de papier et inscrivez-y la pensée gênante que vous avez en tête. Glissez-le ensuite dans votre sac à main ou votre portefeuille. La nature de cette pensée peut être troublante ou douloureuse, mais l’essentiel est de vous demander si vous êtes prêt à l’emporter avec vous et à la regarder objectivement, un ensemble de mots qui n’ont pas le pouvoir de dicter vos actions ou vos capacités.
